Accueil de travailleurs immigrants: les entreprises doivent s’adapter

Le consultant en immigration Bastien Lamontagne a présenté des stratégies pour favoriser l’embauche lors d’un dîner-conférence mardi midi à Granby.

Dans un contexte de manque de main-d’œuvre qui affecte la plupart des secteurs économiques, les entreprises doivent revoir leurs stratégies d’attraction et s’adapter à la réalité des personnes immigrantes. C’est du moins ce qui ressort de la conférence du consultant en immigration Bastien Lamontagne, organisée par Granby industriel.


Granby industriel et ses partenaires (Solidarité ethnique régionale de la Yamaska et la Chambre de commerce Haute-Yamaska) ont convié des dizaines d’entrepreneurs de la région à ce dîner-conférence mardi midi. L’organisme souhaite ainsi favoriser l’intégration de la main-d’œuvre étrangère au sein des entreprises d’ici.

« Pour le projet Connexion Granby, on a mis sur pied l’onglet «J’y immigre» sur le site web granby-profitez.com qui est destiné aux personnes immigrantes, mais c’est la première fois qu’on organise une conférence et qu’on s’adresse directement aux employeurs », témoigne Patrick St-Laurent, directeur général de Granby industriel.

Question de prendre le taureau par les cornes, le conférencier invité Bastien Lamontagne, qui œuvre comme consultant en immigration auprès de nombreuses entreprises, n’a pas hésité à pointer du doigt plusieurs mesures répandues, mais inefficaces.

« Toutes les stratégies qui mettent la responsabilité de l’adaptation sur le travailleur immigrant, c’est clair que ça ne fonctionne pas, mais on persiste parce que c’est un vieux réflexe. Les formations et la sensibilisation faites dans des classes, tout ça, ce n’est pas efficace. L’inclusion de la diversité se fait avec de l’expertise sur le terrain. [...] Il faut éviter de généraliser une mauvaise expérience en se disant ‘‘J’ai essayé et ça n’a pas fonctionné, je vais m’accommoder des vieux [employés] », tranche-t-il.

Proactivité

En se basant sur sa propre expérience, sur de la documentation et des études, Bastien Lamontagne propose plutôt une approche qui demande à l’entreprise d’être proactive et de faire preuve d’adaptation.

«Votre entreprise doit se poser la question si elle veut se lancer réellement. [...] Écrire une vraie offre d’emploi et la publier au bon endroit. C’est possible que vous ayez de la difficulté à comprendre les CV que vous recevrez ou que vous ayez un problème avec le langage non verbal lors de l’entrevue, mais ce n’est pas parce qu’une personne ne vous regarde pas dans les yeux ou qu’elle donne des poignées de main molles qu’elle ne sera pas efficace au travail. Vous devez identifier les valeurs de votre entreprise qui vont faciliter l’intégration du travailleur immigrant et les valeurs du travailleur que vous recherchez qui vont faciliter son intégration au sein de votre entreprise», explique-t-il.

Le conférencier conseille également de collaborer avec des organismes spécialisés comme le SERY.

Des principes simples en apparence, mais qui tardent à être appliqués dans une bonne partie des milieux de travail, selon Patrick St-Laurent.

«Oui, ça existe encore des entreprises qui ne se sont pas ouvertes à accueillir de la main-d’œuvre immigrante, mais on en a aussi où presque le quart des employés sont issus de l’immigration», témoigne-t-il.

La Chambre de commerce Haute-Yamaska prévoit d’ailleurs aller à la rencontre des entrepreneurs pour les aider à diversifier leur main-d’œuvre.

«Il y a plusieurs entrepreneurs, surtout dans les plus petites entreprises, qui travaillent sur le plancher et qui n’ont pas le temps de se renseigner et de faire les démarches pour intégrer de nouveaux arrivants. On veut leur donner un coup de main» explique la directrice générale de la CCHY, Claude Surprenant.

Un avantage

Pourtant aux dires du conférencier, diversifier sa main-d’œuvre peut être positif à plusieurs égards pour une entreprise.

«Avec l’établissement de plus en plus d’immigrants, la clientèle vient elle aussi de plus en plus de l’immigration. C’est un plus de se montrer ouvert à la diversité. Il y a moyen d’adapter sa communication et de la monétariser», estime Bastien Lamontagne.

Le conférencier prend pour exemple la compagnie Nike et sa récente campagne publicitaire avec le footballeur Colin Kaepernick qui a déchaîné les passions pour avoir protesté contre les violences policières exercées à l’encontre des Noirs durant l’hymne national. «C’est sûr qu’il y a des gens qui ont brûlé leurs souliers, mais l’action a quand même monté après quelques jours.»

Bastien Lamontagne rappelle que l’objectif premier qui doit pousser les entreprises à employer une main-d’œuvre multiethnique est l’opportunité de trouver des travailleurs qualifiés et prêts à s’investir.