En août, une personne sur dix éternue, se frotte les yeux et se mouche. Le coupable : le pollen relâché par la fleur de l’herbe à poux, une mauvaise herbe commune au Québec.
Au-delà de l’inconfort causé par les allergies saisonnières, le pollen de cette plante peut aussi affecter plus gravement certaines populations.
« C’est un élément déclencheur pour les gens qui ont déjà des maladies respiratoires. Par exemple, chez ceux qui souffrent d’asthme, il y a souvent une composante qu’on appelle allergique, [alors] le pollen d’herbe à poux dans l’air pourrait suffire à déclencher une crise d’asthme pour ces personnes-là », explique Marie-Ève Girard, inhalothérapeute et directrice des programmes de soins de santé à l’Association pulmonaire du Québec (APQ).
En 2005, il avait été calculé que l’impact économique du pollen de l’herbe à poux serait d’environ 157 millions de dollars pour le Québec. « Ce n’est pas un montant chargé directement au gouvernement, mais on parle vraiment de pertes économiques à cause de journées de travail perdues, de médication et même d’hospitalisations quand les gens sont déjà atteints de maladies respiratoires. Et ces chiffres sont de 2005, alors c’est probablement encore plus élevé aujourd’hui », précise Mme Girard.
Ainsi, pour contrer les effets néfastes du végétal, l’APQ organise chaque année depuis 2007 une campagne provinciale d’arrachage de l’herbe à poux. Les municipalités participantes doivent à la fois sensibiliser la population au problème et resserrer l’entretien de leurs espaces verts. L’objectif est d’arracher la plante avant qu’elle ne fleurisse au mois d’août, pour éviter le pollen, mais aussi pour l’empêcher de se reproduire.
« Le problème avec cette plante-là, c’est que ça a une réserve de semences incroyable dans le sol, parce qu’un plant produit jusqu’à 3000 graines, et les semences peuvent rester actives dans le sol jusqu’à 40 ans ! Donc l’arrachage, c’est quelque chose qu’il faut recommencer année après année, mais ça a quand même une énorme efficacité », raconte l’inhalothérapeute et directrice des programmes de soins de santé.
Granby fidèle à l’appel
La routine est bien implantée à la Ville de Granby, qui participe à la campagne de l’APQ depuis plusieurs années.
« Nous, on se fait un devoir de faire l’arrachage dès qu’on en voit sur nos terrains », indique Gaétan Belhumeur, chef de gestion des actifs aux travaux publics de la Ville de Granby.
La ville pratique également le terreautage de compost pour enrichir la terre. « Il faut comprendre que l’herbe à poux, ça pousse dans des sols de mauvaise qualité, donc dès que le sol a une bonne quantité de nutriments, ce n’est pas l’herbe à poux qui pousse », explique M. Belhumeur.
Celui-ci avance que les terrains de la Ville recèlent peu de cette mauvaise herbe, mais que ce ne serait pas le cas de plusieurs chantiers, où les sols de mauvaise qualité favorisent sa prolifération. « Les gens pensent que c’est à la Ville, mais ça appartient aux promoteurs », souligne-t-il au passage.
Bonne collaboration
Gabrielle Robert, chargée de projet à la division environnement de la Ville de Granby, se fait toutefois rassurante : « Nous, habituellement, on connaît les promoteurs, on a une bonne relation avec eux, [alors quand] on leur dit de faucher, ils procèdent au fauchage et il n’y a pas de problème ! »
Grâce à son règlement sur la mauvaise herbe, qui oblige les citoyens et propriétaires à couper l’herbe à poux entre le 15 juillet et le 1er août, la Ville pourrait ultimement recourir à l’imposition d’amendes, mais Mme Robert rapporte que dans la grande majorité des cas, la sensibilisation et les avertissements suffisent. L’an dernier, un seul constat d’infraction a été remis à des propriétaires récalcitrants qui avaient négligé la coupe de l’herbe à poux à plusieurs reprises.
La sensibilisation des citoyens de Granby est également assurée par la patrouille verte ainsi que par le partage d’informations sur l’herbe à poux grâce aux panneaux électroniques, aux dépliants distribués lors d’événements et au site Web de la Ville.
« Les gens commencent à la reconnaître et à s’en occuper », estime Mme Robert.
En tout, 68 municipalités ont joint le mouvement de l’APQ cette année, soit neuf de plus que l’an passé. Granby est bien entendu de ce nombre, mais aussi Saint-Césaire et Saint-Alphonse-de-Granby, selon le site de l’APQ.
D’autres, comme la Ville de Bromont, font de la sensibilisation sans pour autant s’impliquer officiellement dans la campagne de l’APQ.