La Distillerie Shefford, c’est le rêve et le travail acharné de Gérald Lacroix et de sa conjointe Josée Métivier. Il y a quelques mois, son Acerum — brun et blanc — a trouvé sa place sur les tablettes de la SAQ. Voilà maintenant que le couple d’entrepreneurs joint sa voix à celle de la Distillerie du St. Laurent de Rimouski et du Domaine Acer, au Témiscouata, pour créer l’Union des distillateurs de spiritueux d’érable (l’UDSÉ) et instaurer la marque de certification Acerum.
Gérald Lacroix est conscient que créer une nouvelle classe de produits est exceptionnel en soi. Le lancement, mercredi matin, était d’ailleurs source d’émotions pour le Sheffordois. « Ça fait trois ans qu’on a lancé ce projet et on met énormément d’énergie à faire connaître notre produit. C’est une fierté d’être les premiers à en produire. »
Qualifié d’unique et identitaire au Québec, l’Acerum — qui signifie érable en latin — doit répondre à un strict cahier de charges, de façon à assurer l’authenticité et la qualité de sa fabrication.
Les producteurs affirment que l’Acerum — vieilli ou non — ressemble à une eau-de-vie de fruit, sans afficher le goût sucré de l’érable. D’une grande finesse, elle est obtenue par la distillation de l’alcool provenant de la fermentation de la sève d’érable concentrée. Naturellement, celle-ci doit être issue du Québec.
Pour Joël Pelletier, le cofondateur de la Distillerie du St. Laurent, bien connue pour son gin, l’idée de distiller un produit aussi emblématique que l’eau d’érable allait de soi. Selon lui, l’Acerum n’est pas qu’une eau-de-vie ; il est aussi un puissant outil de marketing.
« Les Écossais ont le scotch, les Français le cognac, les Italiens la grappa, les Américains le bourbon. Les Québécois ont maintenant l’Acerum. Il n’y a pas eu création de nouvelles classes de spiritueux depuis des lustres. À l’échelle internationale, ça va créer un engouement énorme », assure Joël Pelletier. Lui et ses associés ont déjà quelques barils d’Acerum en production.
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Appel aux producteurs
« Il faut une masse critique de gens pour que l’Acerum devienne une signature du Québec », laisse pour sa part entendre Nathalie Decaigny du Domaine Acer, en insistant sur l’importance d’encourager d’autres distillateurs à se lancer dans cette production. Son entreprise, spécialisée dans les boissons alcoolisées à base d’eau d’érable, devrait produire de l’Acerum d’ici peu.
Certains producteurs auraient d’ailleurs démontré un intérêt, indique M. Lacroix. « On veut une section dans les tablettes de la SAQ pour l’Acerum ! »
Déjà, le spiritueux commence à faire jaser. L’Acerum brun de la Distillerie Shefford a remporté le prix Innovation 2017 du Conseil de la transformation en alimentation du Québec (CTAQ) dans la catégorie Alcools distillés.
Gérald Lacroix espère maintenant que sa distillerie, qui a pignon sur la rue Denison Est à Shefford, pourra bientôt accueillir le public et lui permettre de goûter sur place à ses deux déclinaisons d’Acerum. Présentement interdite dans ce type de distilleries, cette activité pourrait être autorisée sous peu par le gouvernement du Québec.
Et à voir le seigle qui pousse actuellement dans ses champs, on comprend que la Distillerie Shefford s’apprête à réaliser un autre rêve au cours des prochains mois : fabriquer son propre whisky.
« On récolte d’ici un mois et on devrait pouvoir démarrer la production en juillet », se réjouit M. Lacroix.