Limocar: des changements d’horaire à prévoir

Transdev souhaite réduire le nombre de départs sur la ligne de Brome-Missisquoi et supprimer son arrêt à Lac-Brome.

Transdev, qui exploite le service d’autobus Limocar­ dans la région, souhaite modifier l’horaire de ses navettes en réduisant le nombre de départs sur la ligne de Brome-Missisquoi et en supprimant son arrêt à Lac-Brome. Le tout doit cependant être autorisé par la Commission des transports du Québec (CTQ).


« Ce n’est pas une ligne rentable pour nous. L’achalandage n’est pas là, mentionne le directeur de l’exploitation chez Transdev, Pierre Gagnon. À Lac-Brome, on parle d’environ un client par jour, et ce n’est pas régulier. »

L’entreprise accuserait, selon un procès-verbal de la MRC de Brome-Missisquoi, un déficit d’opération annuel de 150 000 $ en raison de l’infime nombre de passagers à utiliser la ligne interurbaine.

Celle-ci compte environ une douzaine de départs par jour ; le nouvel horaire en compterait trois ou quatre, y est allé M. Gagnon, de mémoire.

Des départs seraient ajoutés pour permettre aux passagers de Granby­ et de Cowansville de se rendre directement à Montréal, sans passer par Ange-Gardien, relève aussi le directeur.

En 2015, Transdev avait déjà tenté d’alléger le parcours de Brome-Missisquoi. Une demande avait été formulée à la CTQ pour retirer du trajet les arrêts de Farnham, de Lac-Brome et de Ski Sutton ; seul ce dernier point de service avait été autorisé à disparaître.

Retour à la case départ

Transdev a affiché dans ses autobus l’avis de modification d’horaire entre le 8 et le 17 novembre derniers, conformément aux exigences de la loi, et ce, afin que les changements réclamés entrent en vigueur le samedi 6 janvier.

Lors d’une audience tenue en décembre, la CTQ a plutôt ordonné à la compagnie de transport de réafficher son avis de modification d’horaire. 

Ce faisant, la commission tranchait en faveur de Denise Prézeau, une résidante de Sutton, qui alléguait que l’information n’avait pas été dûment communiquée aux usagers.

La Suttonnaise soutient n’avoir jamais vu de note dans un des autobus qu’elle a utilisés et qu’elle a eu vent du changement d’horaire par un tiers. « Il n’y avait rien dans l’autobus, rien au Couche-Tard », clame celle qui prend l’autocar toutes les deux ou trois semaines.

« C’est sûr qu’il n’y a pas beaucoup de monde qui prend l’autobus. Mais si les gens étaient mieux informés sur le service, peut-être qu’il y en aurait plus », renchérit-elle.

« Gros bon sens »

En septembre, les maires de la MRC de Brome-Missisquoi s’étaient prononcés en faveur des changements à l’horaire de Limocar, mais à la condition que l’entreprise publicise davantage ses services et qu’elle aménage éventuellement un stationnement incitatif­ à Cowansville.

Le maire de Lac-Brome, Richard Burcombe, comprend pour sa part ce qui motive la disparition future du seul point de service de l’entreprise­ dans sa municipalité. 

« Pour l’entreprise, c’est une perte d’argent. Et même au niveau environnemental, c’est une perte d’énergie et d’essence qui n’est pas payante s’il n’y a presque pas de passagers, reconnaît l’élu. La plupart du temps, les gens se rendent à Bromont pour prendre l’autobus, c’est plus rapide pour eux. »

Pour Julie Langevin, directrice des services de transport collectif et adapté à la MRC de Brome-Missisquoi­, il s’agit d’une question de « gros bon sens ». « Il est dif­ficile d’offrir un service pour un très petit nombre de personnes quand un aussi gros véhicule coûte cher à déplacer », allègue-t-elle. 

Mme Langevin indique que la MRC de Brome-Missisquoi a collaboré étroitement avec Transdev afin de s’assurer que leurs services de transport respectifs soient complémentaires. « On a coordonné nos horaires afin que nos services ne soient pas dédoublés et que le temps d’attente pour les correspondances soit réduit », affirme-t-elle.

En attente d’une convocation

À la suite de la plus récente décision de la commission, Transdev a déposé auprès de celle-ci une demande d’audition pour faire entériner les changements désirés. 

Il peut dès lors se passer quelques mois avant que l’entreprise ne soit convoquée devant les commissaires. M. Gagnon espère que la compagnie sera entendue au printemps.

Il assure que Transdev ne cherche pas à se retirer du marché. « On veut rester dans la région et contribuer, clame-t-il. Nous souhaitons seulement rentabiliser nos activités. »

Précisons enfin que les changements réclamés, s’ils sont avalisés par la Commission des transports du Québec, n’affecteront pas la ligne locale qui circule sur la route 112.