Les recommandations du GASP, qui joignait sa voix à celles de dizaines d’autres organismes communautaires du Canada en matière de lutte contre la pauvreté et en logement social, ont été remises en 272 exemplaires à Étienne Couture et Serges Ruel, adjoints du député de Shefford, Pierre Breton.
Ces 272 copies symbolisent le nombre de personnes toujours en attente d’un logement social, uniquement à Granby. Bien qu’il y a deux ans, cette liste comptait une centaine de noms supplémentaires, cela ne signifie pas que la situation s’est améliorée. « Le fait de devoir renouveler sa demande chaque année, ça fait qu’il y a des gens qui se découragent », nuance Luce S. Bérard, membre du comité se spécialisant notamment dans la visitabilité des logements, soit leur accessibilité universelle.
Queue de peloton
Granby se situe toujours en queue de peloton dans une liste de 20 municipalités de taille similaire en ce qui concerne le nombre de logements sociaux, a rappelé Nicolas Luppens, coordonnateur au GASP.
Et pour preuve, un seul projet de 24 unités a été développé au cours des huit dernières années. À l’heure actuelle, illustre le coordonnateur, Granby compte la moitié moins de logements sociaux que la moyenne québécoise, qui se situe à une unité par 100 citoyens.
En parallèle, le prix des logements a doublé en dix ans, ajoute le GASP, alors que la moitié des locataires du centre-ville dépense plus du tiers de son revenu pour se loger et qu’un locataire sur cinq investit la moitié ou plus de son budget pour conserver son toit.
Au Québec, plus de 270 000 ménages locataires sont dans la même situation. À l’échelle nationale, un million de ménages ont eux aussi des besoins impérieux en logement.
Demandes
« Ce qu’on demande, c’est que la stratégie fédérale ne s’éparpille pas et qu’elle privilégie les investissements en logements sociaux, pour en construire de nouveaux et pour entretenir ceux qui existent », souligne M. Luppens.
« La stratégie doit aussi s’attarder aux municipalités de taille moyenne et de plus petite taille, ajoute-t-il. La priorité est souvent accordée aux plus grandes villes, mais les besoins sont partout. »
Le comité constate en outre un besoin criant pour des logements adaptés aux personnes handicapées ou en perte d’autonomie. Les délais d’attente sont parfois très longs, si bien qu’il faut parfois des années avant d’obtenir un logement qui convient aux besoins d’un candidat, dont l’état de santé peut avoir évolué entre-temps.
Le GASP a joint sa voix à celle du FRAPRU (Front d’action populaire en réaménagement urbain), qui réclame d’Ottawa qu’il s’engage à dépenser, d’ici la fin de l’actuel mandat, la totalité de l’enveloppe de 11,2 milliards $ annoncée pour sa stratégie en logement et échelonnée sur onze ans, afin de mettre un terme à la crise du logement social. Le FRAPRU exige du même souffle que les subventions fédérales destinées aux locataires à faible revenu soient renouvelées pour ceux qui habitent un logement datant d’avant 1994 et demande à ce que le gouvernement fédéral subventionne la construction de nouveaux logements sociaux.
Mme Bérard a rappelé qu’Ottawa se targue, notamment dans le bulletin postal de M. Breton, d’avoir la meilleure situation budgétaire parmi les pays du G7.
« Le Canada est par contre le seul de ces pays à ne pas avoir de loi sur l’habitation, a-t-elle nuancé. On l’attend ! »