En langue sanskrite, dans les textes anciens, la bienveillance est traduite de plusieurs façons comme par maïtri ou l’amitié, par ahimsa ou la non-nuisance, par sujanatva ou la bonté, par adroha ou le bon vouloir ou encore par sumati ou sage.
La bienveillance, dans notre cours de yoga, est en quelque sorte un phare, une guidance pour nous permettre de ne pas trop nous éloigner de ce qui est juste pour nous. Le yoga, par son approche non compétitive, nous invite à s’offrir un espace de bonté. Nous sommes tellement habitués à performer, à « faire », à exécuter... Ici, on nous invite plutôt à être. Être dans le silence, rester dans une posture, observer son souffle. On fait référence ici à l’attitude du témoin. Or, l’apprentissage de la bienveillance commence surtout par le corps qui devient ainsi un champ d’exploration. Quand on débute le yoga, cette attitude d’accueil contraste avec notre vie de « fou ».
Cela fait quelquefois monter les larmes, car le contraste est trop grand avec notre quotidien. Pas de mascarade, pas de rôle à jouer, plus de titre à porter. On peut enfin aller à son rythme. Malgré cette « permission » d’être, il est beaucoup plus difficile d’être bienveillant envers soi qu’envers les autres. Entrer en amitié avec soi, ne pas se nuire, se pardonner, s’offrir de la bonté et être sage, très sage envers le corps n’est pas toujours facile. Le mental, impatient de nature, a naturellement tendance à vouloir arriver à ses fins, et ce, le plus vite possible. Or, le corps a une sagesse qui lui est propre et qui saura s’exprimer si l’on s’écarte trop de ce qui est approprié pour lui.
Le yoga peut être confrontant. Il travaille notre patience. Il y a des jours où rien ne va plus. Il sera toujours plus facile de s’étourdir dans l’action. La forme de non-action proposée sur notre tapis peut être vraiment déstabilisante.
Après toutes ces années, j’observe combien les gens s’éloignent souvent de leur pratique de yoga durant une période difficile. Le fait de continuer et de prendre du temps pour soi peut exacerber la souffrance. On préfère de loin ne pas la voir en espérant qu’elle diminuera d’elle-même. Le yoga est comme un ami qui écoute, sans jugement, et qui ne donne aucun conseil.
La bienveillance, c’est de développer un respect immense pour tout ce que nous sommes. Sombre ou lumineux, calme ou agité, souffrant ou en paix. C’est une constante adaptation afin que tout ce qui nous compose trouve son équilibre. La pratique du yoga saura assurément nous aider sur ce chemin.
Namasté !
« Ce que nous sommes comme conscience pure demeure dans l’accueil pur. Notre vraie nature est l’acceptation radicale de soi-même dans toutes ses manifestations. » - Joan Ruvinsky