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« On dirait que les ressources sont peu présentes pour la régie de l'eau, remarque Carl Boivin, agronome et chercheur au sein de l'équipe de régie de l'eau en productions végétales pour l'IRDA. On fait beaucoup de recherche et on a un mandat de diffusion. C'est sûr qu'on ne peut pas faire un cours d'irrigation en quatre heures, mais on essaie de dire au monde qu'il faut se préoccuper du sol en premier. Pour n'importe quelle culture, il faut savoir quel type de sol on a. Un sol sablonneux, ça retient moins l'eau que de l'argile. »
Le choix du lieu pour la tenue de la Caravane en Montérégie n'est pas anodin. Ce verger de la route 104 a été l'une des 15 entreprises visitées par l'équipe de recherche l'an dernier pour la première phase de recherche du projet. Il était donc tout naturel que l'IRDA y informe et réponde aux questions des pomiculteurs, mais aussi des représentants de Dura-Club, un organisme à but non lucratif de la Montérégie qui a pour but d'accompagner les producteurs agricoles membres dans leurs démarches agroenvironnementales.
Pierre Côté a pris possession de la terre familiale au décès de son père, il y a sept ans. Depuis, il a coupé les arbres devenus trop vieux et qui n'offraient plus le rendement attendu. Il a en contrepartie planté des centaines de jeunes pommiers en même temps qu'il a installé un système de goutte-à-goutte, en 2014.
Diminuer les impacts des étés secs
Son système a diminué les impacts de la sécheresse de l'été dernier, soutient-il, mais il a tout de même dû entreprendre d'importants travaux. « Pour la première fois, j'ai vu le fond de mon lac, au point où j'ai eu peur pour mes pommiers. En catastrophe, on a fait creuser le lac. [...] Mon verger a souffert de la sécheresse, mais si je n'avais pas eu de système d'irrigation du tout, je suis certain que la moitié au moins de mes arbres seraient morts. »
L'idée d'irriguer les vergers commence à faire son chemin. La sécheresse de 2016 a peut-être même contribué à ce vent de changement. Charles Choquette, du Verger Choquette inc., a posé un système de goutte-à-goutte à la grandeur de son verger, cette année. Auparavant, comme plusieurs, le pomiculteur comptait sur la pluie pour alimenter en eau ses pommiers.
« L'année passée, on a juste prié, raconte M. Choquette. Cette année, on s'est dit qu'on n'attendrait plus après la pluie. On a posé notre système d'irrigation, mais on ne l'a pas utilisé parce qu'on est dans un autre extrême. Il y a tellement d'incontrôlables dans notre métier qu'on essaie de contrôler ce qu'on peut. »
La journée d'échanges avec le groupe de l'IRDA a permis de répondre à quelques-unes de ses questions.
Retour sur l'investissement
Tout producteur agricole cherche évidemment à avoir un retour sur investissement. Dans le cas d'un système d'irrigation, d'importants frais sont à considérer, que ce soit pour la pose ou pour l'entretien.
« On se posait la question si c'était économiquement rentable d'irriguer le pommier, affirme Carl Boivin. Je pense qu'on ne peut pas répondre à ça parce qu'il y a un contexte différent d'une entreprise à l'autre. »
Mais peu importe le contexte, l'eau est nécessaire pour avoir une pomme de qualité. « L'irrigation est une police d'assurance, ajoute le chercheur. Si pendant deux ans, tu n'as pas de qualité et de rendement, ça peut être assez pour que les gens aillent ailleurs ou que tu perdes ton marché. »
Par ailleurs, le système de goutte-à-goutte permet de faire de la fertigation, un procédé qui consiste à fertiliser en même temps qu'irriguer.
Au terme de sa tournée provinciale, la Caravane de l'irrigation « espère outiller les clubs (comme le Dura-Club), intéressés par l'irrigation. C'est le fun de faire de la recherche, mais il faut que cette recherche-là serve. On fait de la recherche appliquée, ce ne sont pas des trucs qui vont servir dans 20 ans, on fait des trucs qui servent normalement à court terme. »