Les gens qui résident au camping Tropicana de Granby toute l'année ont reçu une lettre de la Ville de Granby les informant que «l'occupation annuelle d'un bâtiment» n'est pas permise par la réglementation de la municipalité.
Ils ont jusqu'au 1er septembre prochain pour démolir ou déménager leur propriété, ce qui signifie la perte de quelques dizaines de milliers de dollars pour ces résidants. Leur maison au camping Tropicana est, pour certains, tout ce qu'ils possèdent.
«Il y en a qui sont découragés», confie Christian Carbonneau, un résidant du Tropicana depuis 2008. «Le 1er septembre, il faut que je scrape tout ça. En plus l'été passé, Parkbridge (Lifestyle Cummunities inc. - le nouveau propriétaire - ) m'a demandé de finir l'arrière de ma maison. Je l'ai fait. Je pensais être tranquille pour un bout. Avoir su, je n'aurai pas mis 1000$ pour isoler et mettre du vinyle.»
Pour M. Carbonneau, détruire son ancienne roulotte convertie en maison mobile équivaut à jeter 20 000$ par la fenêtre. «Je n'ai pas l'argent pour la déménager. Il n'y a pas grand monde qui a de l'argent», dit celui qui travaille occasionnellement comme concierge dans les écoles.
M. Carbonneau avait choisi de vivre au Tropicana, il y a quelques années. «À 150$ par mois, c'est meilleur marché qu'un loyer», admet-il.
«Je suis venu ici pour avoir la paix. Toujours recommencer, c'est difficile. Je suis fatigué. Ça va être un casse-tête pour moi», continue-t-il. Le Granbyen craint de ne pas avoir assez de travail pour vivre s'il ne réside plus au camping Tropicana.
«Il faut que le monde se mobilise. Il y a des gens qui doivent des hypothèques. Je pense que les banques ne seront pas contentes d'avoir les clés de leur maison.»
«On va nous obliger à faire faillite»
«Ça fait 18 ans qu'on vit ici. Depuis 1994, on paie des taxes», soutient sa belle-soeur, Christine Tardif, qui réside elle aussi toute l'année au camping Tropicana. Comme tous les résidants permanents du camping, elle a reçu une lettre lui signifiant qu'elle avait jusqu'au 1er septembre pour démolir ou enlever sa propriété.
«Aie, les comiques! Ça ne se déménage pas de même!» s'insurge-t-elle en parlant de sa roulotte à laquelle des annexes ont été ajoutées. «On va aller voir le petit comique qui nous a écrit ça. Après, on va aller voir le maire, le député, je ne sais pas encore.»
Christine Tardif ne comprend pas pourquoi on veut les mettre dehors. «Pourquoi on nous fait payer des taxes pendant tant d'années et après, on nous dit: merci, bonjour, allez-vous-en! C'est sûr qu'on ne va pas se laisser faire de même», se promet-elle.
«Mon voisin a investi 50 000$ ou 60 000$. Il a acheté il n'y a même pas six mois. Une madame a acheté deux maisons, elle a payé 75 000$ ou 80 000$. On va nous obliger à faire faillite. On ne sait pas quoi faire. On est ici parce qu'on n'a pas d'argent.»
«Ça nous stresse, poursuit-elle. Je ne sais pas où je vais être en septembre. Je n'ai pas 20 ans, j'en ai 55. Ça nous énerve. Ils se foutent de tout le monde. Il y en a que ça va rendre malades», confie-t-elle en larmes.
«Ce n'est pas des maisons de 300 000$, mais ça nous appartient.» Sa maison, évaluée à 50 000$, ne se déménage pas. «Elle ne passe pas dans les rues», affirme-t-elle.
Dans sa lettre, la Ville de Granby précise que toute installation autre qu'une tente, une tente-roulotte, une roulotte, une maison motorisée ou un véhicule récréatif n'est pas permise au camping. Les tentes, tentes-roulottes, roulottes, maisons et véhicules motorisés «modifiées au point d'en perdre leur nature ou leur vocation initiale» sont également interdits.
Il n'a pas été possible de nous entretenir avec les nouveaux propriétaires du camping, la compagnie Parkbridge Lifestyle Communities.