Si quelques conseillers affirment être en réflexion, certains ont déjà une opinion tranchée sur la question. C'est notamment le cas de Michel Mailhot, clairement en faveur de la tenue d'une consultation élargie. «Il y a une possibilité de 50 000 personnes qui peuvent voter. On va en référendum. On ne peut pas donner raison à 2800 personnes (celles qui ont signé le registre cette semaine). On va exercer la démocratie», a-t-il laissé tomber sans détour.
Pierre Breton tient un discours semblable, mais il est moins catégorique. «Je me place en position de réflexion. Mais je suis toujours sceptique à l'idée de laisser 5% des citoyens décider pour le développement de notre ville», dit-il.
Louise Brodeur Comeau est également en faveur d'un référendum. «Quand j'ai voté pour le règlement d'emprunt et les travaux du programme triennal d'immobilisations (PTI), c'est parce que j'étais d'accord avec tout ça. On ne recule pas. On va de l'avant. On va en référendum. Dans mon esprit, quand les gens vont signer un registre, c'est pour avoir un référendum», calcule la conseillère du district 1.
Place publique
Les deux conseillers municipaux qui ont signé le registre, Éliette Jenneau et Pascal Bonin, croient toutefois qu'il serait plus approprié de retirer le projet de place publique - et l'investissement de 3 millions$ qu'il entraîne - du règlement d'emprunt. «On doit refaire le règlement d'emprunt et éviter les coûts d'un référendum. Il y a de grosses dépenses qui s'en viennent dans les infrastructures. Il y a des choses, comme la place publique, qui peuvent attendre. Il faut y aller avec les priorités», estime Mme Jenneau.
Pascal Bonin affirme que si le projet de place publique est mis de côté, il appuiera le règlement d'emprunt de 18 millions$ qui pourrait être adopté pour la réalisation des autres travaux du PTI, qui incluent entre autres le renouvellement des infrastructures dans le secteur St-Charles.
Michel Mailhot n'est cependant pas prêt à abandonner la place publique. «J'y tiens mordicus. Le centre-ville, c'est le poumon d'une ville. Si le centre-ville est animé, les gens vont venir ici et tout le monde va en profiter. Même les promoteurs immobiliers», dit-il, faisant une allusion à peine voilée à l'ex-maire Michel Duchesneau, promoteur immobilier, qui a signé le registre.
Pierre Breton croit, lui, «qu'on s'est servi du dossier de la place publique pour inviter les gens à signer le registre».
Mitigés
De son côté, Patrick Girard est mitigé sur la suite des choses. Une chose est cependant claire, à ses yeux. «Il faut quand même faire des travaux. On ne peut pas ne pas faire d'emprunt. Il ne faut pas juste s'arrêter au mot "dette", mais plutôt voir ce qui est fait avec cet argent-là», dit-il.
«On est revenus en arrière en brandissant le bâton de la dette. On a besoin d'expliquer nos projets», renchérit Michel Mailhot.
Une opinion partagée par Yves Pronovost. «J'entends ce que les gens nous disent. J'aimerais avoir les moyens de leur transmettre les informations qu'on a quand on prend nos décisions. On a une job d'information à faire», laisse-t-il tomber. Le conseiller dit avoir «hâte de voir ce que tout le monde (les membres du conseil) a à dire là-dessus». «J'ai hâte de participer aux discussions», dit Yves Pronovost.
Denis Choinière affirme pour sa part que «la démocratie va décider de la suite». «Je vais en discuter avec mes collègues avant de prendre position. Mais j'étais d'accord avec le budget qu'on a adopté. J'aimerais mieux continuer comme ça», dit-il.
Seul Guy Gaudord n'a pas voulu commenter. Le sujet étant chaud, il a même voulu savoir ce que ses homologues ont déclaré avant de se prononcer.
La décision des élus devrait être annoncée lundi soir, lors de la prochaine séance publique du conseil municipal.
En vacances, le conseiller Serges Ruel n'a pu être joint. Pour une très rare fois, le maire Richard Goulet a décliné la demande d'entrevue de La Voix de l'Est.
«On ne peut pas donner raison à 2800 personnes», croit Michel Mailhot.
«Je me place en position de réflexion», indique Pierre Breton.