Climat malsain et omerta à Val-des-Cerfs : les directeurs d'école réagissent

Le malaise est à nouveau lié au style de gestion du directeur général de Val-des-Cerfs, André Messier.

Après des cadres et des commissaires, au tour des directeurs d'école, cette fois-ci, de dénoncer le climat malsain et l'omerta qui règnent à la commission scolaire du Val-des-Cerfs.


Les quelque 70 membres de l'Association des directrices et directeurs d'établissements d'enseignement du Val-des-Cerfs (ADEVDC) ont convenu de se réunir, au début de novembre, afin d'aborder la situation qu'ils jugent intenable, a appris La Voix de l'Est.

Ils reprochent principalement la difficulté qu'ils ont à obtenir de l'information de la commission scolaire et à s'entretenir avec le directeur général, André Messier. Seule la haute direction de Val-des-Cerfs est désormais autorisée à fournir de l'information, que ce soit aux cadres, aux employés ou aux médias.



Val-des-Cerfs a eu vent de cette réunion et a convoqué en catastrophe tous les directeurs d'école à une rencontre le même jour, le 9 novembre au matin, à l'auditorium de l'école Haute-Ville, à Granby.

Seul membre de la haute direction présent, M. Messier y a fait un mea culpa et promis que la situation allait s'améliorer. Il a par ailleurs affirmé que les médias étaient contre lui. Tous les participants ont été appelés à ne pas parler de cette rencontre.

Plus tard en soirée, les membres de l'ADEVDC ont résolu de préciser leurs doléances dans une lettre à l'attention de la direction de Val-des-Cerfs et que la majorité des membres a signée. Cette correspondance a débouché sur une autre rencontre entre le directeur général de Val-des-Cerfs, le président Guy Vincent et des représentants de l'ADEVDC, le 5 décembre, qui aurait donné des résultats «positifs».

Problème criant



Président du syndicat des professeurs, Éric Bédard estime que la situation illustre à nouveau le malaise entourant la haute direction de Val-des-Cerfs depuis l'embauche de M. Messier, en juin 2010.

«Si les directeurs d'école sentent le besoin de mettre des barres sur les "t" et des points sur les "i", c'est que le problème est beaucoup plus criant que la commission scolaire ne le laisse entendre depuis plusieurs mois», dit M. Bédard, du Syndicat de l'enseignement de la Haute-Yamaska.

Dans un reportage publié en octobre, La Voix de l'Est révélait qu'au moins 12 cadres ou employés liés à la direction de Val-des-Cerfs avaient démissionné ou quitté leur poste depuis un an. Tous ces départs seraient liés au style de gestion de M. Messier, qualifié de «manipulateur», «contrôlant» et «intimidant».

Questionné à ce sujet, M. Messier avait plutôt attribué ces départs au contexte actuel difficile pour les commissions scolaires et à des raisons personnelles des démissionnaires.

Il réfutait l'existence d'un quelconque malaise, indiquant que «les échos que j'ai sont positifs» et que «les gens rient» à la commission scolaire. Val-des-Cerfs a ensuite acheté une pleine page de publicité dans L'Express et La Voix de l'Est afin de réitérer son appui à son directeur général.

Situation explosive



Selon M. Bédard, les commissaires de Val-des-Cerfs ignorent ou ferment les yeux sur une situation explosive.

«À leur place, je serais très inquiet, dit-il. Ils devraient sérieusement songer à questionner ce qui se passe à la commission scolaire, ou à tout le moins diversifier leurs sources d'information. Si toutes ces rumeurs s'avèrent, il y aura des limites à plaider l'ignorance. Ils ont la responsabilité de s'assurer que la direction agisse convenablement.»

La directive que toute information fournie, que ce soit à d'autres employés ou à des tiers, doit passer par la haute direction est à elle seule problématique, dit M. Bédard. «Avant, en parlant aux gens, on réglait un paquet de choses en n'allant pas en grief. Toute cette situation de secret, ça sort de l'ordinaire. C'est clair qu'on sent un malaise.»

Encore une fois, à Val-des-Cerfs, la commissaire-cadre Jacynthe Boisvert a indiqué hier que la direction ne souhaitait pas commenter cette situation. Le président de l'ADEVDC, François Riendeau, n'a pas répondu à nos appels, pas plus que le président de la commission scolaire, Guy Vincent.

Abonnez-vous à La Voix de l'Est