Des médecins pour les patients orphelins

La clinique d'accès pour les patients sans médecin de famille, espérée depuis longtemps, ouvrira officiellement ses portes aujourd'hui.

On l'attendait depuis longtemps, c'est maintenant chose faite. La clinique d'accès pour les patients sans médecin de famille ouvrira officiellement aujourd'hui dans les locaux de l'ancienne clinique médicale située au 369, rue St-Jacques à Granby.


Mais inutile de faire la file devant la porte tôt le matin, de téléphoner, d'insister ou de s'y présenter, la clinique d'accès ne fonctionnera pas comme les autres sans rendez-vous.

En fait, il y a deux façons d'obtenir un rendez-vous à cette clinique et voir un médecin de famille. En se présentant à l'urgence, si notre cas n'est pas  comme pressant - une priorité quatre ou cinq -, l'infirmière du triage nous donnera deux options: rester à l'hôpital où il faudra patienter longtemps pour ce type de cas qui n'est pas prioritaire ou nous proposer un rendez-vous à la clinique d'accès si on n'a pas de médecin de famille.



Les gens qui se présenteront à l'urgence le matin pourront obtenir un rendez-vous dès l'après-midi à la nouvelle clinique, les gens qui seront rencontrés à l'urgence en après-midi pourraient y être vus le lendemain matin.

La clinique de la rue St-Jacques recevra aussi la clientèle inscrite au guichet d'accès pour les patients qui n'ont pas de médecin de famille. À la fin du mois de septembre, on comptait 4761 patients inscrits sur cette liste. Si le guichet a réussi à trouver un médecin aux cas considérés les plus urgents, 762 patients de 70 ans et plus qui souffrent d'une ou deux maladies chroniques - hypertension, diabète, maladies pulmonaires et autres -, qui peuvent prendre six médicaments et plus par jour n'ont toujours pas accès à un médecin. Chaque jour, des plages horaires de la clinique d'accès seront réservées pour permettre à un médecin de voir ces patients.

«On voulait cibler ces clientèles prioritaires. Ça n'avait pas de bon sens qu'une dame - âgée et malade - attende six heures à l'urgence pour faire renouveler une prescription», fait valoir le Dr Jacques Ricard, coordonnateur médical de première ligne au CSSS de la Haute-Yamaska.

La clinique d'accès recevra seulement les patients orphelins qui y sont référés pour éviter d'être complètement submergée par la demande et de devoir refuser des gens.



«Si on a cinq ou dix places de sans rendez-vous traditionnel, vous savez comme moi qu'on aurait eu 70 personnes en file, ça aurait créé beaucoup de frustrations», estime le Dr Michel Poirier, directeur des affaires médicales au CSSS de la Haute-Yamaska.

Pas plus d'effectifs

«C'est clair que le problème d'accès à un médecin existe un peu partout dans la province. On n'a pas assez de médecins de famille pour tout le monde sur le territoire. Au moins, tout le monde aura accès à un sans rendez-vous», illustre le Dr Poirier.

«Ce projet-là. On le débute avec la même main-d'oeuvre déjà en place dans les GMF (groupes de médecins de famille), à l'hôpital et à l'urgence qu'on a sollicités», précise-t-il.

Six urgentologues et sept médecins de famille ont accepté de se partager le boulot. Du lundi au vendredi, un médecin sera présent pendant cinq heures à la clinique, ce qui permettra de voir 20 patients par jour, espère-t-on.

«On voulait créer les conditions les plus gagnantes possible pour inciter les médecins à aller faire un tour de roue de plus, pour que ça fonctionne bien, que ce soit efficace», fait valoir Michel Poirier.



Les clients qui ont été vus à la clinique d'accès qui était en rodage la semaine dernière étaient satisfaits, relève la directrice du programme de santé physique au CSSS, Odette Morin. «Ils étaient ravis. Il y en a même qui ont offert du Tim Horton's à nos employés», a-t-elle relevé.

Au CSSS de la Haute-Yamaska, on souhaite que cette clinique d'accès soit une première étape vers la création d'une clinique réseau qui serait entièrement financée par l'Agence, mais qui serait tenue d'offrir des services médicaux 12h par jour sur semaine et 8h les samedis et dimanches, ce qui semblait irréaliste avec les ressources actuellement disponibles.

Actuellement, les coûts de la clinique réseau, évalués à 250 000$ par année, sont partagés à parts égales entre le CSSS de la Haute-Yamaska et la Ville de Granby. «C'est en bonne partie grâce au maire et à la Ville de Granby qu'on a pu mettre en place ce service. On remercie M. Goulet de ça. Une bonne partie de la population va en bénéficier», a fait valoir le directeur général du centre de santé, Yves Fortin.

«L'accès à des services de santé est un problème majeur. Je trouvais ça un peu aberrant que des gens ne puissent pas voir un médecin de famille», explique le maire de Granby Richard Goulet qui a accepté de contribuer à cette solution «en attendant» que le projet prenne plus d'envergure et puisse être entièrement financé par le ministère de la Santé.

Richard Goulet précise que la contribution de Granby «revient à environ 2$ par citoyen, par année pour aider les gens (de la Haute-Yamaska) dans le besoin. Je pense qu'on peut se permettre ça. Et j'espère que les gens qui ont un médecin de famille seront assez compatissants envers ceux qui n'en ont pas», dit-il.