Achat du manoir Maplewood : «C'est un projet ambitieux»

Plusieurs dizaines de Waterlois ont répondu à l'invitation de la Ville, hier soir, à la Maison de la culture.

L'avenir du Manoir Maplewood est maintenant entre les mains des citoyens de Waterloo, qui devront décider si le jeu en vaut vraiment la chandelle. Car les coûts, ont-ils appris, seront très élevés.


Ils étaient plusieurs dizaines, hier soir à la Maison de la culture, à avoir répondu à l'invitation de la municipalité, qui souhaitait leur présenter les détails de cet important projet d'acquisition. Le maire Pascal Russell a toutefois insisté sur le fait que la décision ne sera pas celle du conseil municipal, mais celle de la population. «C'est un gros projet ambitieux. Ce sont de gros sous», leur a-t-il lancé sans détour.

Évaluée à 618 000$, la propriété de Charles Guévin pourrait être acquise par la Ville pour une somme de 500 000$. À ce montant, il faudrait ajouter 1,8 million$ pour restaurer seulement l'extérieur du manoir. Au total, les élus estiment qu'il en coûterait annuellement 168 000$ par année durant 20 ans pour acquitter la facture. Les Waterlois auront à évaluer s'ils en ont les moyens.



Avant de connaître les coûts, les personnes présentes à cette assemblée publique d'information ont pu en apprendre davantage sur l'évaluation patrimoniale de l'immense propriété du 26 de la rue Clark, ainsi que sur son état. Martin Dubois de la firme Patri-Arch a d'abord rappelé la riche histoire du manoir.

Érigée en 1864, la résidence de l'ancien maire de Waterloo, député, sénateur et homme d'affaires Asa Belknap Foster, a été vendue, une vingtaine d'années plus tard, aux Soeurs des Très-Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie qui l'ont transformée en couvent de jeunes filles. Après 100 ans d'enseignement, les religieuses ont quitté le Couvent Maplewood en 1982. À partir de ce moment, plusieurs propriétaires se sont succédé dans cette immense résidence de style néo-italien de 40 pièces, jusqu'à ce que M. Guévin en fasse l'acquisition en l'an 2000.

Grande valeur

Martin Dubois a qualifié d'exceptionnelle la valeur historique du manoir, en soulignant également son intérêt architectural très élevé et son caractère authentique. Peu de bâtiments de ce type demeurent aussi bien préservés au Québec, a-t-il rappelé. Malgré le passage du temps, il affiche en effet de nombreux éléments d'origine. «Il possède une très grande valeur sur presque tous les plans. C'est un monument rare qui devrait être conservé et mis en valeur. Il mérite d'être reconnu monument historique», a affirmé le spécialiste, qui a aussi noté l'emplacement exceptionnel du manoir, avec son terrain de plus de 200 000 pi2, ses nombreux bâtiments accessoires, ses jardins et sa position en surplomb de la ville.



Sa collègue, l'architecte Marie-Josée Deschênes, a quant à elle dressé «le carnet de santé» de la bâtisse. Après analyse, elle conclut que celui-ci est en bon état général, même si de nombreux travaux sont nécessaires. Infiltrations d'eau, joints de fondations à refaire, toiture en piètre état, système électrique à changer, extérieur à rafraîchir complètement... À l'aide de diapositives, la dame a listé les faiblesses du manoir, en s'attardant aussi sur les atouts qu'il contient, comme ses moulures uniques, ses manteaux de cheminée en marbre et ses immenses galeries. «Tous les éléments d'origine sont de qualité et peuvent être restaurés», a-t-elle laissé entendre.

Lors de la période de questions, le Waterlois Michel Duhamel a proposé que le Manoir Maplewood soit ouvert au public lors d'une journée portes ouvertes au cours de laquelle la population pourrait constater de visu l'état du bâtiment, à l'extérieur comme à l'intérieur. Cette suggestion a été accueillie avec enthousiasme par le maire et de nombreux citoyens. Reste à savoir si le propriétaire acceptera.

Vocation

Outre les coûts d'achat et de restauration, Pascal Russel a aussi abordé les options qui s'offriront à la Ville, si elle fait l'acquisition du manoir. Hébergement, spa, restaurant, résidences pour aînés autonomes, bureaux de professionnels? Toutes ces vocations sont envisageables, a-t-il dit. Quant aux subventions possibles - car il y en a -, le maire a précisé qu'il était impossible d'en faire la demande sans d'abord être propriétaire des lieux.

Mais avant toute chose, Waterloo devra suivre à la lettre la procédure. Le règlement d'emprunt sera adopté le 4 octobre prochain, en vue de la tenue d'un registre les 25 et 26 octobre. À cette occasion, seuls les citoyens opposés au projet d'achat devront se manifester. Un total de 342 signatures sera nécessaire pour forcer la tenue d'un référendum ou obliger le conseil à abandonner le projet.

«Est-ce que nous voulons préserver le manoir ou le laisser partir? C'est la question que nous devons maintenant nous poser», a résumé Pascal Russell.