Robert Vincent est serein

Maintenant que son sort est scellé, Robert Vincent préfère se souvenir du bon côté de ses années de députation.

Les lendemains de scrutin n'ont pas semblé trop pénibles pour Robert Vincent. Rencontré hier midi, alors que lui et son équipe s'affairaient déjà à vider son local électoral, l'ex-député de Shefford s'est montré serein, malgré sa défaite contre le néo-démocrate Réjean Genest.


Oui, il avait passé une bonne nuit. Et oui, il était «sur le piton» hier matin, presque comme s'il s'agissait d'une journée ordinaire... «J'ai croisé des gens et plusieurs m'ont dit qu'ils étaient surpris des résultats», laisse simplement tomber le bloquiste, élu en 2004.

Lundi soir, au moment du dévoilement, il a, lui aussi, été étonné de l'ampleur de la vague NPD. «Malgré les sondages, on était incertains. Il restait toujours de l'espoir. Mais dès le début du dépouillement des votes, on a bien vu que les électeurs voulaient un changement. D'autres provinces aimeraient avoir un parti pour les défendre à Ottawa. Ici, on avait cette chance, mais les gens en ont décidé autrement, constate M. Vincent. Je n'aurais rien pu faire pour changer le vote. À certains endroits, des candidats NPD fantômes ont même été élus!»



Avec le recul, il avoue avoir senti le vent tourner en sa défaveur vers la fin de la troisième semaine de campagne. «Avec les sondages consécutifs montrant le NPD en hausse, c'est devenu plus difficile. Les gens étaient plus discrets sur le terrain.»

De la chance

Maintenant que son sort est scellé, Robert Vincent préfère se souvenir du bon côté de ses années de députation. «Chaque jour, quand je m'assoyais à ma place à la Chambre des communes, je me trouvais chanceux d'être parmi les 75 sur 7 000 000 d'habitants. Comment je pourrais être amer ou fâché d'avoir eu la chance de vivre ça? J'ai beaucoup de gratitude envers les gens de Shefford qui m'ont élu trois fois. J'espère qu'ils seront bien servis par le nouveau député», glisse-t-il, en précisant ne pas connaître Réjean Genest.

Ce qu'il regrettera surtout, c'est de «défendre les intérêts de Shefford et du Québec». «J'avais ça très à coeur», dit-il, en saluant le travail de ses proches collaborateurs, qui se retrouvent désormais au chômage.



Il lève également son chapeau à son chef, Gilles Duceppe. «Il a fait un excellent travail durant 14 ans. Il a su mener le Bloc au sommet de la représentativité. Je n'ai absolument rien à lui reprocher. J'ai été surpris de l'entendre dire qu'il quittait. On va sûrement se revoir...»

Prendre le temps

Pour la suite des choses, Robert Vincent prendra son temps. Parce qu'il a 55 ans et qu'il a servi au moins six ans à la Chambre des communes, il pourra toucher une pension. Mais on sent, à mots couverts, que son coeur n'a pas complètement oublié ses 15 ans de syndicalisme. L'idée de retourner défendre les accidentés du travail, comme il le faisait avant de se lancer en politique, ne semble pas exclue.

Au cours du prochain mois, il quittera définitivement son bureau de circonscription de la rue Dufferin à Granby, puis il s'accordera l'été pour réfléchir à son avenir. «Pour le moment, j'ai plein de choses pour m'occuper: de la peinture, du jardinage... Je vais prendre soin de ma conjointe. Et je vais jouer au grand-papa!»

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