Charles Normand était l'un des bonimenteurs sur le site qui invitaient la foule à assister aux différents spectacles. Il a travaillé au Carnivàle Lune Bleue du 12 juin jusqu'à la fin des activités de la fête foraine, le 8 juillet. Et il attend toujours qu'on lui paie les heures qu'il a travaillées durant les deux dernières semaines de représentations, ce qui totalise une somme de plus de 950 $.
Selon M. Normand, ils étaient une vingtaine d'employés qui travaillaient sur le terrain, certains dans les jeux d'adresse, d'autres comme bonimenteurs ou placiers. Et ils sont tous aujourd'hui dans la même situation.
«Depuis la fin, tout le monde essaie d'entrer en communication avec les producteurs, pour obtenir des copies des factures qu'ils ont émises, des feuilles de temps ou même de leur contrat et personne n'a obtenu de réponse, indique M. Normand. Contrairement à ce qu'ils ont dit dans les médias à la fin de l'aventure, les employés semblent vraiment être le dernier de leurs soucis dans cette histoire.»
L'heure juste
Depuis le mois de juillet, M. Normand a échangé de nombreux courriels avec les Productions Carnivàle Lune Bleue, y compris avec le président fondateur, Wayne Van De Graaff. Et chaque fois, on lui a demandé un délai supplémentaire avant de pouvoir lui fournir une réponse.
«À un certain moment, on m'a dit que le dossier était entre les mains d'un trustee (fidéicommissaire), mais on n'a jamais pu savoir lequel, et plus tard M. Van De Graaff m'a écrit que son équipe financière venait de terminer l'analyse des chiffres de l'été. J'aimerais bien savoir dans les mains de qui est notre dossier. Ils ont aussi laissé sous-entendre qu'ils auraient fait faillite, mais on ne le sait pas vraiment. On veut donc avoir l'heure juste.»
Après avoir demandé un avis juridique à la Clinique Juripop, un organisme sans but lucratif où des avocats offrent des conseils, Charles Normand a déposé une plainte à la Commission des normes du travail. Il a également invité les autres employés lésés à faire de même.
«Le dossier devrait être remis entre les mains d'un enquêteur aux normes du travail, mais ça pourrait prendre trois mois avant que l'on ait des nouvelles, précise M. Normand. Chaque employé doit déposer sa plainte et il va finir par y avoir une convergence entre les dossiers. Et l'enquêteur va tenter d'entrer en communication avec les productions. Nous ne perdons donc pas espoir. S'il est mis au pied du mur, nous aurons peut-être des réponses. C'est ce que l'on veut, avoir la vérité. S'ils ont fait faillite et que l'on ne peut pas ravoir notre argent, au moins on le saura.»
Il n'a pas été possible d'obtenir les commentaires des Productions Carnivàle Lune bleue hier.
Présenté pendant deux ans à Ottawa, le Carnivàle Lune Bleue est débarqué à Bromont, sur l'ancien site du spectacle équestre Saka, en juin et devait être présenté jusqu'à la mi-août. Le faible achalandage sur le site a toutefois forcé l'organisation à plier bagage après seulement trois semaines de représentations. Le Carnivàle Lune Bleue recréait l'univers étrange des fêtes foraines et des cirques nomades des années 30 et 40.