« Ça va être fait au cours des prochains jours «, a-t-il lancé d'un ton ferme, en entrevue à La Voix de l'Est.
M. Bélanger, comme d'autres entrepreneurs joints, dénonce plusieurs points de l'entente. À commencer par le financement assuré par la Ville. « Ce n'est pas logique qu'une ville finance à long terme comme ça «, estime le promoteur immobilier qui est actif à Granby, mais aussi à Cowansville.
Rappelons que la Ville de Granby a vendu 200 acres des terres Miner à Daniel Touchette, Michel Leclerc, Serge Fleurent et Claude Sylvain, au coût de 10,9 millions $. L'entente prévoit un dépôt d'un million $ à la signature de l'acte de vente. Le solde devra être remboursé sur une période de 15 ans. La Ville finance l'achat avec des taux d'intérêt établis à 2 % pour les cinq premières années, 3 % pour les cinq suivantes et 4 % pour les cinq dernières.
En contrepartie, la Ville de Granby s'est assurée d'une hypothèque de premier rang et d'un contrôle serré sur les développements à venir. « Les taux d'intérêt sont dérisoires par rapport à ce que la Ville elle-même paie (plus de 4 %) pour l'emprunt des terres Miner «, estime Daniel Bélanger.
Sur le marché
Selon le fondateur de Construction Horizon, les conditions offertes par la Ville aux acheteurs n'ont rien à voir avec celles en vigueur sur le marché. « À ces conditions-là, j'aurais été intéressé à les acheter (les terrains) moi aussi comme promoteur «, dit-il. Vérification faite, les conditions offertes par les institutions financières diffèrent grandement de celles accordées par la Ville. « Ça dépend de bien des choses. C'est aussi beaucoup du cas par cas parce que chaque entrepreneur a son expertise «, prévient François Hamel, directeur principal service aux entreprises au Centre financier aux entreprises Desjardins Porte des Cantons-de-l'Est. Mais grosso modo, une mise de fonds minimale de 35 % est exigée et le remboursement de la balance doit être réalisé sur une période de trois ans.
Daniel Bélanger estime par ailleurs que le jeu de la Ville n'a pas été assez clair. Au départ, fait-il valoir, l'appel de propositions de la Ville visait deux des quatre lots des terres Miner. Mais le dépôt d'une offre d'achat globale, pour les quatre lots, de Construction F. Catania, de Brossard, a changé la donne. Granby a alors décidé d'étudier cette option. Elle est revenue à la charge auprès du groupe de promoteurs (qui se sont révélés être les actuels acheteurs des terrains) qui avait déposé une offre conforme pour lui demander de déposer une nouvelle proposition sur les quatre lots. Ce qu'ils ont fait. Le jeu des négos a débuté avec les deux groupes de promoteurs.
« La Ville aurait dû retourner en appel d'offres «, estime Daniel Bélanger. Cela a d'ailleurs fait l'objet d'une plainte au MAMROT au début de l'année de la part de l'ex-candidat à la mairie et blogueur, Denny O'Breham.
Pas le seul
M. Bélanger n'est pas le seul à poser un regard critique sur la transaction. Steve Ostiguy, qui possède une entreprise d'excavation à Granby, croit que si les conditions d'achat avaient été plus claires, les acheteurs auraient été plus nombreux. « Dans ces conditions-là, j'aurais acheté demain matin «, lance-t-il.
Sa soeur, Katia Ostiguy, va dans le même sens. D'autant plus que son conjoint, Marco Paquette, fait dans la construction. « Je comprends qu'il y ait des mécontents. Je l'aurais acheté. C'est pas cher avec ces conditionslà «, estime-t-elle.
« Je crois que le maire s'est tiré dans le pied. Ça fait un peu une controverse. La Ville n'avait pas à financer ça à long terme «, dit un constructeur qui souhaite conserver l'anonymat pour ne pas nuire à ses affaires. « Avec des conditions pareilles, tous les gens du milieu auraient sauté là-dessus. C'est le Klondike pour les acheteurs. La game était truquée «, laisse tomber un autre constructeur actif à Granby, qui préfère aussi ne pas être identifié.