«Ça m'a beaucoup ému»

Bernardo Castro montre quelques photos de l'époque où lui-même travaillait dans une mine de cuivre au Chili.

Bernardo Castro est mieux placé que quiconque pour comprendre ce que vivent les mineurs chiliens en ce moment. Non seulement il est Chilien d'origine, mais il a également passé plusieurs années de sa vie sous terre. Depuis l'effondrement de la mine de San Jose, le 5 août dernier, l'homme a donc suivi l'histoire avec intérêt et émotion. Avec crainte aussi. « Au début, j'étais certain à 100 % qu'ils n'avaient pas survécu. J'étais chez un ami quand j'ai finalement appris qu'ils étaient vivants. Ça m'a beaucoup ému «, confie le Granbyen d'adoption.


Il n'a pas eu le plaisir de voir en direct le premier mineur émerger de la terre. Deux hommes étaient déjà sortis de la mine lorsqu'il a enfin pu se brancher sur la télé. « Mais mon fils m'a tenu au courant sur mon cellulaire, affirme M. Castro. J'étais bien content pour eux ! « Toute cette saga a ravivé en lui de nombreux souvenirs de l'époque, pas si lointaine, où lui aussi s'enfonçait dans les entrailles d'une mine de cuivre, dans la petite ville chilienne d'El Melon. Employé par la société Exxon, Bernardo Castro a été mécanicien de machinerie lourde pour cette compagnie de 1985 à 1991, année où il a choisi de quitter le Chili.

« Le travail de mineur est très dur. Je travaillais 48 heures par semaine, à raison de six jours, parfois sept par semaine. Le salaire était bon, mais je ne voyais presque pas ma fille. C'est ce qui m'a incité à laisser cet emploi. « Bien qu'omniprésent, le danger ne l'a jamais empêché d'exercer son métier. « La première fois que tu entres dans une mine, les bruits et les craquements font peur. Mais on s'habitue à tout «, ajoute-t-il. La profondeur de la mine d'El



Melon pouvait atteindre 1,2 kilomètre, mais celle-ci était ramifiée d'innombrables galeries souterraines. « Ma crainte, c'était surtout de me perdre, car de nouveaux tunnels apparaissaient tous les jours, d'autres étaient remplis d'eau. Ça faisait partie des risques du métier. « Comme toute la poussière qu'il a inhalée, parfois par négligence, avoue-t-il. Chauds, humides et peu confortables, les masques se portaient plus souvent sur le front que sur la bouche...

Une seule fois durant ses années à la mine d'El Melon, M. Castro a connu un éboulement. Sans conséquence, heureusement. « Ça a eu lieu de jour, alors que je travaillais de soir. Mais il n'y avait pas eu de victimes. «

Soutien

L'effondrement de la mine de San Jose, cependant, pourrait avoir des conséquences plus sérieuses, prédit Bernardo Castro. Il est convaincu qu'une fois l'allégresse du retour estompée, les 33 mineurs auront besoin d'un bon soutien psychologique pour revenir à leur vie normale. « Il faut être fait fort pour travailler dans une mine, mais passer 68 jours sous terre, c'est beaucoup... Aujourd'hui, ils sont entourés de plein de monde, mais dans deux ou trois semaines, il n'y aura plus que leur famille immédiate. Les souvenirs vont peutêtre commencer à remonter. « Son expérience lui fait croire qu'une bonne moitié des rescapés ne retourneront jamais sous terre. « Mais d'autres le feront... Peut-être dans des mines à ciel ouvert. Il y en a plusieurs au Chili.»



Touchée

Une autre Granbyenne d'adoption, la Chilienne Lenina Alvarez, était impatiente d'assister aux manoeuvres de sauvetage, mardi soir. En raison de l'heure tardive, elle a toutefois dû se résigner à aller au lit, sans avoir vu le premier mineur remonter à bord de la nacelle. Hier, elle n'a pu s'empêcher d'aller fureter de temps à autre sur internet, curieuse de savoir si tout se déroulait bien. « C'est touchant de voir ça. Jusqu'à maintenant, les nouvelles sont bonnes ! «, a-telle lancé dans l'après-midi, alors qu'une vingtaine d'hommes avaient revu la lumière du jour. Mme Alvarez a une raison plus personnelle de s'intéresser à cette histoire : « Copiapo où vivent les mineurs est la ville natale de ma mère. Je suis sûre qu'elle est rivée à son téléviseur en ce moment ! « Lenina Alvarez dit reconnaître dans toute cette histoire l'esprit solidaire des Chiliens, qu'elle a pu admirer lors du tremblement de terre de février dernier, alors qu'elle se trouvait en vacances dans le pays.