Rares cas de contamination de l'eau

Le BAPE a amorcé ses consultations sur le gaz de schiste, hier, à Saint-Hyacinthe.

L'exploitation des gaz de schiste en Amérique du Nord a rarement mené à la contamination de la nappe phréatique, selon un document du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs.


Peu de cas de contamination existent dans les 27 États qui comptent des sites d'exploitation et qui ont été recensés par une étude américaine, apprend-on dans un compte rendu du MDDEP déposé au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement dont les audiences sur le gaz de schiste commençaient hier, à Saint Hyacinthe. Environ 300 personnes ont assisté au lancement des travaux.

Le document mentionne que plus de 99% des aquifères au Québec, qui alimentent des puits domestiques et des réseaux d'aqueduc municipaux, se trouvent à moins de 100 mètres de profondeur. Or les gaz de schiste se trouvent à plus de 800 mètres.



Le seul impact noté est que les activités de forages peuvent causer une «augmentation temporaire de la turbidité de l'eau puisée», note le document.

Les sources de contamination peuvent provenir des activités à la surface, mentionne le MDDEP. On recommande d'utiliser des membranes ou des toiles de géotextiles étanches pour contrôler les eaux et les boues de forage.

Un expert de l'industrie, James Fraser, est venu confirmer que les coffrages de ciment utilisés pour isoler la nappe phréatique sont étanches. «La possibilité que des liquides s'échappent de ces tuyaux est très, très minime», a-t-il dit en anglais.

L'industrie utilise cette technique depuis les années 40, a ajouté l'ingénieur. Plus d'un million de puits ont été creusés de cette façon, a-t-il précisé, et aucun cas de contamination ne lui vient à l'esprit. «On comprend que c'est nouveau au Québec», a-t-il dit.



Invité à le faire par le président de la Commission, Pierre Fortin, M. Fraser n'a pu citer d'étude pour appuyer ses dires.

Effet de serre

Le bilan des gaz à effet de serre a également été abordé hier soir. Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune soutient que l'exploitation des gaz à effet de serre permettra au Québec de réduire ses GES puisque la province pourra réduire ses importations de gaz naturel de l'Alberta.

Des 14 à 18 milliards de dollars dépensés chaque année par les Québécois pour acheter des hydrocarbures (gaz et pétrole) de l'Ouest canadien, 5% sont utilisés pour son transport, a indiqué Jean-Yves Laliberté, du MRNF.

Ce possible gain en terme de réduction des GES demeure hypothétique, selon le MDDEP. Une représentante du ministère a dit qu'aucune estimation n'a été réalisée pour calculer la conséquence sur l'inventaire du Québec des GES.

Pas de préambule



La soirée a donné lieu à quelques réactions bruyantes des gens présents. Chaque fois, le président de la Commission Pierre Fortin a rappelé qu'il ne les tolérera pas. Il s'est aussi permis d'inciter les citoyens à éviter les préambules et à poser rapidement leur question, dénudée de commentaires ou d'affirmations.

Ces directives ne sont pas toujours appliquées aux experts de l'industrie ou des ministères. Jean-Yves Laliberté s'est permis un commentaire, soutenant que son ministère «n'était pas si pressé que ça» d'exploiter cette ressource énergétique. Depuis 2006, a-t-il dit en réponse à une question d'un citoyen de Saint-Hyacinthe, Dominic Champagne, 85 000 puits de gaz de schiste ont été creusés dans l'Ouest canadien. «On en a creusé sept au Québec», a-t-il lancé sans être rappelé à l'ordre.