À la veille des audiences du Tribunal administratif du Québec, qui se penche aujourd'hui sur le projet, fort contesté, d'une station de pompage à Dunham, le geste soulève des questions. Est-ce l'oeuvre d'un plaisantin ou un signe de protestation? Pour l'instant, les policiers n'ont pas de réponse.
Les deux barils noirs ont été découverts par un employé de l'entreprise, hier matin. Ils avaient été déposés face à la clôture qui donne accès aux installations de l'oléoduc dans le rang du Pipeline, près de la route 233.
Après avoir effectué quelques appels pour connaître la provenance des fameux contenants, sans succès, l'employé a alerté les policiers, vers 9h30. Les autorités n'ont pris aucun risque en considérant les barils comme des colis suspects.
Un périmètre de sécurité a été établi à proximité de la station de pompage. Quatre résidences ont dû être évacuées, mais une seule était occupée lors de l'alarme. Le rang du Pipeline a aussi été fermé à la circulation.
Les techniciens en explosifs de la Sûreté du Québec se sont rendus sur place pour vérifier le contenu des barils, notamment à l'aide d'une caméra. «Les techniciens ont pris des rayons X des colis suspects, a expliqué le lieutenant Gilles Belval, directeur du poste de la SQ Rouville. En les analysant, ils sont en mesure de savoir ce que contiennent les barils.»
Une équipe de pompiers de Saint-Césaire était aussi sur place pour être prête à intervenir si un incendie se déclarait.
Peu avant midi, le suspense a pris fin. Les techniciens ont d'abord cru avoir aperçu du bran de scie dans les contenants. Ils ont finalement constaté que les barils étaient plutôt remplis d'excréments.
Même si le contenu des colis ne présentait aucun danger, l'enquête se poursuit. Les policiers veulent savoir qui a déposé les fameux barils et pour quel motif.
Étrange coïncidence
En 2008, la compagnie Montréal Pipe-Lines a annoncé qu'elle projetait d'inverser le sens d'écoulement du pétrole de l'oléoduc Montréal-Portland, ce qui nécessiterait la construction d'une station de pompage au coeur de la municipalité de Dunham.
Il s'agit d'un ajout de l'oléoduc pour permettre de renverser le flux d'écoulement du pétrole. En ce moment, il part de Portland au Maine et coule jusqu'aux raffineries de Montréal. L'intention de Montréal Pipe-Lines est d'utiliser sa station de pompage à Dunham pour inverser le sens d'écoulement du pétrole, soit de Montréal à Portland.
C'est là l'un des éléments clés du projet Trailbreaker de la compagnie Enbridge qui a pour but d'acheminer du pétrole des sables bitumineux de l'Alberta sur la côte est américaine en passant par le Québec.
Depuis cette annonce, un mouvement de protestation a vu le jour. Des citoyens de Dunham s'opposent à ce projet tout comme le Camp d'action climatique. Une manifestation organisée par le regroupement s'est d'ailleurs déroulée à Dunham, la semaine dernière.
Informé de la découverte des colis suspects près de la station de pompage de Saint-Césaire, le président du comité de citoyens opposés au projet, Guy Durand, a confié n'avoir jamais entendu parler qu'une personne commettrait une telle action.
Il a d'ailleurs expliqué que les membres du comité respectent la propriété d'autrui. «Dans notre comité, il n'a jamais été question de porter atteinte à la propriété, enchaîne-t-il. Nous avons un souci du respect de la propriété d'autrui.»
Aujourd'hui, le Tribunal administratif du Québec entendra la contestation d'un citoyen d'une décision de la Commission de protection du territoire agricole du Québec qui autorise Montréal Pipe-Lines à construire sa station de pompage sur un terrain agricole.