Tout de l'auguste demeure, du large balcon ceignant sa devanture au vaste terrain qui s'allonge de la route 112 jusqu'au pied du mont Yamaska en passant par les boiseries de chêne qui ornent les murs et les corniches des pièces spacieuses, reflète l'opulence bourgeoise de cette victorienne du début du siècle.
«Elle a été construite par un certain Rowell, vers 1907. C'était alors le surintendant des écoles protestantes de Montréal. Il avait beaucoup d'argent», affirme l'actuel propriétaire, Jean-Guy Gosselin, qui possède le vignoble Coteau Saint-Paul, situé à un jet de pierre de sa demeure.
«Ses initiales sont gravées dans la vitre de la porte d'entrée», précise-t-il en montrant les trois lettres de l'inscription, dans le vestibule chatoyant aux couleurs des vitraux installés sur le pourtour de la porte.
Les vitraux parent d'ailleurs pratiquement toutes les fenêtres de la maison. «Ils sont tous d'origine», indique fièrement M. Gosselin.
Constructeur «de père en fils», selon son expression, ce dernier a lui-même fait les rénovations majeures que nécessitait la demeure lors de l'achat, il y a une dizaine d'années. «Il a fallu refaire les plafonds, la plomberie, le chauffage, l'électricité», énumère-t-il. Des travaux d'une valeur d'environ 100 000 $ à 150 000 $ qui s'ajoutaient aux 115 000 $ que demandaient les anciens propriétaires.
«Mais les travaux, ça ne me faisait pas peur», ajoute celui qui a acheté de vieux édifices sur le Plateau Mont-Royal, à Montréal, dans le but de les revitaliser. «J'aime la restauration des vieux bâtiments», dit cet archéologue de formation.
Une maison, un vignoble
Principale pièce de collection de la maison, un piano à queue Chickering de 1874, fait par la Chickering and Sons de Boston, fabricant reconnu pour la qualité et le design de ses instruments, trône dans un coin du salon. «Il se donnait des petits concerts ici, à côté du foyer», relate Jean-Guy Gosselin.
La salle à manger recèle aussi quelques particularités d'époque, dont sa porte à battants, aujourd'hui condamnée. «C'était la porte de service qui menait vers l'ancienne cuisine, la section des bonnes. Ici, dit-il en ouvrant une armoire à vaisselle encastrée au mur, c'était l'endroit où on faisait passer la nourriture entre les deux pièces.»
L'ancienne cuisine, avec ses quelque 1000 pieds carrés, a été convertie en appartement indépendant, que loue M. Gosselin. «C'était beaucoup trop grand pour moi, seul ici», dit-il.
À l'extérieur de la maison, sur le terrain avant, était aménagé un court de tennis. «C'était le Tennis Club de St-Paul», affirme le proprio, qui a transformé l'endroit en vignoble où pousse du raisin de table. «Il y a eu des compétitions importantes. C'était un centre de rencontre pour les anglophones», raconte-t-il.
Mais, s'il a acheté la demeure, ce n'est pas pour ses charmes d'époque. «C'était pour démarrer un vignoble. La maison est sur un site plein sud. C'est très difficile à trouver», dit le viticulteur. Ce dernier a d'ailleurs planté environ 18 000 vignes sur son terrain à flanc de montagne où fleurissent également pommiers, pruniers et cerisiers.