Des dons onéreux à SOS Dépannage

Les employés du magasin général ont un important travail de tri à faire les lendemains de week-ends de ventes de garage. Les dons sont alors beaucoup plus importants, relève le directeur général, Norman Dunn.

Les fins de semaine de ventes de garage à Granby, les abords du Magasin général de SOS Dépannage fourmillent d'activité. Des clients? Non, plutôt de généreux donateurs. Le hic, c'est que plus de la moitié des dons prennent le chemin du site d'enfouissement. Et l'organisme communautaire doit assumer des coûts croissants pour la gestion de ses déchets.


La situation n'est pas nouvelle. La Voix de l'Est avait déjà rapporté cette problématique il y a deux ans. Mais le phénomène est loin de se résorber. Il prend même de l'ampleur les week-ends de ventes de garage, comme c'était le cas la fin de semaine dernière. Une fois leur vente terminée, bon nombre de Granbyens se rendent aux locaux du magasin général, rue Matton, pour faire don de leurs objets, jouets, vêtements et meubles invendus.

 



Mais ce ne sont pas tous les dons qui peuvent se retrouver sur les tablettes du magasin général. «Il y de 50 à 60% du stock avec lequel on ne peut rien faire», a indiqué hier le directeur général de l'organisme, Norman Dunn.

Celui-ci marche sur «une glace mince» lorsqu'il aborde le sujet. «Sincèrement, je ne veux pas insulter les donateurs et les gens parce que la population nous a toujours soutenus. Mais nos vidanges nous coûtent de plus en plus cher», déplore-t-il.

Réactions vives

Encore hier matin, un citoyen s'est présenté au quai de réception des marchandises du magasin général, son coffre plein de matériel. «Mais il y avait plein de morceaux de plastique, de cadres cassés, des catins pas de pattes. On ne peut pas vendre ça», dit Norman Dunn.



Certains laissent des matelas souillés, des appareils électroniques qui ne fonctionnent plus, des pneus (pour lesquels il faut payer pour se départir), des cuvettes de toilette, des cadres de vélos sans roues.

Face au flot de dons, les employés du magasin général ont pour consigne de n'accepter que ce qui a un potentiel de revente. Mais cette sélection soulève parfois l'ire des donateurs, qui ne veulent pas rapporter leurs choses à la maison. «On a des réactions vives. Ça frustre les gens. C'est très délicat, dit le dg de l'organisme. Mais ce n'est pas vrai que tout se recycle et se vend.»

Pour réduire sa quantité de déchets, le magasin général a récemment ouvert un «centre de liquidation» à l'intérieur de ses murs. «On vend tout ce qui est cassé ou magané à petit prix. L'idée, c'est d'éviter le site d'enfouissement», dit Norman Dunn.

Ce dernier a même lancé l'idée hier, lors d'une réunion, de... donner les meubles invendus. «On pourrait dire que les jeudis de 14h à 16h, par exemple, on donne des meubles. On est rendus là....», dit-il.

Profits grugés

À l'origine, le magasin général a été créé pour générer des profits qui seraient utilisés pour l'achat de nourriture pour la banque alimentaire SOS Dépannage. Le magasin a tout d'une entreprise avec ses frais fixes et inhérents et est fréquenté par toutes les couches de la société, pas seulement les démunis.



Mais une bonne partie des profits est actuellement utilisée pour la gestion des déchets, souligne Norman Dunn. Du 1er octobre 2008 au 30 septembre 2009, les factures pour le transport et l'enfouissement des déchets ont atteint 22 000$, alors que les coûts étaient estimés à 16 000$. En vertu d'une entente, la Ville de Granby assume 50% de ces coûts, jusqu'à l'ouverture de l'écocentre, prévue au début 2011.

Autres coûts: des gardiens de sécurité sont en poste, depuis quelques années, sept jours sur sept pour gérer les dons. Sans gardien, les sacs de dons laissés à l'avant du magasin étaient éventrés et leurs contenus, étalé partout.

Il y a quelques mois, les locaux du magasin général ont été agrandis. L'endroit est déjà plein à craquer de matériel de toute sorte. «Quand on a lancé l'entreprise, on n'a pas pensé qu'on aurait autant de déchets à gérer», soupire Norman Dunn. «Les gens ne sont pas de mauvaise foi. S'ils viennent ici, c'est parce qu'ils sont sensibilisés au recyclage. Sauf que les conséquences sont énormes...», dit-il.