Beaucoup de bruit pour rien

L'un des bons souvenirs que j'ai de ma jeunesse, c'est de m'endormir le samedi soir avec le bruit de mes parents et de leurs amis qui parlent fort et qui rient et jouant aux cartes dans la cuisine.


Cela dit, aujourd'hui je déteste presque tous les jeux de cartes (sauf le Trou de cul et le Mille Bornes), mais ça n'a pas de rapport.

 



Évidemment au début, il y a eu des moments où je me suis levé en furie et, du haut de mes sept ans, fait un vibrant plaidoyer à la meute d'adultes attablés et un peu pompettes pour qu'ils fassent moins de bruit, non mais quand même, j'essaie de dormir moi, et si je ne dors pas, je ne serai pas en forme demain matin pour jouer au Sega.

Ce à quoi on me répondait invariablement «ok ok petit homme, on va faire moins de bruit», mais évidemment on n'en faisait rien.

Alors, je me suis habitué. À la longue, je ne trouvais rien ne plus réconfortant de savoir que je m'endormais dans une maison où des gens s'amusaient, où le bonheur fusait de chaque craquement de plancher et de chaque mise de 10 cents aux cartes.

Et en bonus, quand je me levais le matin, il y avait toujours quelques restants de chips pour me faire un audacieux amuse-gueule avant ma beurrée de beurre de pinottes.



Aujourd'hui, je vis seul et je n'entends jamais personne rire quand je m'endors. Même mes voisins ont l'air aussi plates que moi.

Je me demande si ça s'achète, des CD de monde qui rit.

***

Tsé quand tu invites une fille chez toi pour souper pis qu'elle te dit que ça sent bon depuis que tu as allumé le four, MAIS QU'IL N'Y A ENCORE RIEN DANS LE FOUR, ça veut dire qu'il est temps que tu laves ton four, genre.

Je parle d'expérience.

***



Autre constatation troublante : Elvis Presley sort en moyenne deux disques par année, mais il est mort depuis 1977.

C'tu juste moi qui ai la chair de poule ?

***

Ma citation préférée d'un film :

«Vis aussi intensément que tu le peux. Prends des risques. Même si tu risques de te faire mal. Mais vis. Sinon tu n'as rien à raconter dans le vestiaire.»

De quel film provient cette citation ? Répondez correctement à cette question sur mon adresse courriel et courez la chance de gagner un prix !

Un indice : c'est une oeuvre d'Hal Ashby, réalisateur contestataire et trouble-fête mort en 1988. Et l'un des plus beaux films que j'aie vus !

***



Un cadre de La Voix de l'Est que je ne nommerai pas (appelons-le Christian) m'a récemment demandé si je n'avais pas peur un jour de n'avoir plus rien à dire dans cette chronique.

D'aucuns diraient que je n'y ai jamais dit grand-chose, mais ce sont des jaloux. Je sais, je pourrais parler davantage des grands débats sociopolitiques de ce monde... mais ça ne me tente pas.

Bref, j'ai réfléchi à cette question et je me suis rendu compte que ce serait plutôt exceptionnel. Voici pourquoi.

Mon truc, c'est que je n'arrête jamais d'écrire. Bon, ça peut sembler prétentieux comme ça, vous m'imaginez peut-être recroquevillé sur mon ordinateur jour et nuit. Ce n'est pas le cas.

En fait, c'est que dès que j'ai une idée en tête le plus souvent saugrenue je m'empresse de la noter, ou encore mieux de la transcrire dans mon ordinateur personnel que j'ai affectueusement surnommé Janvier, parce qu'il est tout blanc. Ça me donne aussi l'impression d'avoir un peu de Marie-Ève Janvier dans mon appartement, ce qui n'est pas désagréable.

Voilà, donc. Avec ce truc, je ne manque jamais d'idée, ou si peu. Ça aide aussi d'avoir l'esprit mal tourné, de l'imagination et un regard lucide et lubrique que je pose sur tout mon entourage.

Et je gagne beaucoup de temps en n'écoutant pas le hockey.