À la poubelle!

Les oeufs, le jambon, les oreilles de crisse et autres atterrissent régulièrement dans les poubelles de nos érablières pendant le temps des sucres. Des clients ont en effet tendance à surestimer leur appétit et finissent par laisser sur la table de pleines assiettées de nourriture. Un gaspillage qui pourrait peut-être profiter à de moins nantis.

Les oeufs, le jambon, les oreilles de crisse, les fèves au lard et les patates rôties remplissent les poubelles des érablières pendant le temps des sucres. Ce que les gens laissent sur la table parfois des assiettes pleines de nourriture , les propriétaires de cabanes à sucre sont obligés de le jeter.


À l'érablière La Grillade, à Granby, si les gens terminent leur première assiette, une seconde leur est servie. Les serveuses n'ont même pas à demander aux clients s'ils ont encore faim. Les groupes n'arrivent pas à tout manger ce qu'il y a sur la table. «C'est un repas à volonté, insiste le propriétaire, Pierre Gingras. S'il ne restait plus rien, ce ne serait pas à volonté. Il y a des pertes à chaque table. Ça s'en va à la poubelle.»

 



Murielle Bernard, de l'érablière Bernard, observe que les gens ont souvent les yeux plus grands que la panse. Ils commandent plus que ce qu'ils sont capables de manger.

Le propriétaire de l'érablière Martin à Sainte-Cécile-de-Milton, Jean-Louis Martin, admet aussi que certaines personnes se montrent trop ambitieuses quant à la quantité de nourriture qu'elles peuvent ingurgiter. «C'est sûr qu'il y en a qui exagèrent», note-t-il.

M. Martin dit avoir développé plusieurs trucs au fil des ans pour tenter de réduire ses pertes. L'homme d'affaires se garde de les divulguer. Ce dernier explique toutefois que contrairement à d'autres cabanes à sucre, «je fais cuire mon jambon et mes omelettes à la poêle, pas dans le four, souligne-t-il. On fait cuire au fur et à mesure.» Et pour le deuxième service, seuls les gens qui en redemandent en ont.

Robert Bernard, propriétaire de l'érablière Le Montagnard à Saint-Paul-d'Abbotsford, s'étonne parfois de la réaction des clients. «Il y a des clients adultes qui agissent comme des enfants, lance-t-il. Par exemple, nous mettons une tarte au sucre sur la table. Les gens s'en servent une pointe et il en reste deux. Certains clients veulent les apporter chez eux. La nourriture est à volonté sur place. Je n'ai pas le droit de laisser les clients ramener la nourriture chez eux. J'ai un permis qui permet aux gens de manger sur place.» Le propriétaire n'ose pas imaginer ce que ce serait si les clients avaient la possibilité de repartir avec de la nourriture. M. Bernard croit que les gens commanderaient davantage pour pouvoir en ramener à la maison.



M. Bernard raconte que des clients fâchés de ne pouvoir repartir avec les restes se vengent sur la nourriture. «Ils mettent du poivre sur la tarte ou la brisent avec un couteau pour s'assurer qu'on ne la serve à personne d'autre. Maintenant, au lieu de déposer une tarte complète sur la table, nous la servons pointe par pointe. Ça représente plus de travail pour les serveuses, mais au moins, il n'y a pas de gaspillage.» Et Robert Bernard signale que des pertes trop élevées ont une incidence sur le prix que doivent débourser les clients.

SOS Dépannage intéressé

Le directeur général de SOS Dépannage, Norman Dunn, n'avait jamais songé approcher les cabanes à sucre pour récupérer les restes dont elles disposent. «C'est une bonne idée. Je vais faire tout de suite des téléphones, a-t-il avancé cette semaine. On récupère déjà les buffets dans les salons funéraires pour les donner aux maisons d'hébergement.»