«Je ne savais pas quoi faire pour les conserver, admet-il. J'étais ignorant.»
Sa passion pour les bibittes a ensuite été mise en veilleuse pendant de nombreuses années, en fait, jusqu'à ce qu'il parte pour un voyage dans la jungle péruvienne, en 2001. Là, après avoir navigué pendant des dizaines d'heures sur l'Amazone, il s'est fondu dans la végétation en compagnie d'un guide et de sa conjointe.
«On n'avait rien à manger. Il a même fallu manger du caïman. Mais je dois dire que c'était pas mal bon.»
C'est dans un petit village péruvien qu'il a acheté son premier insecte, un Megasoma Mars.
«C'était drôle de nous voir, se souvient le Sheffordois. Le vendeur et moi, on négociait, mais on n'avait aucune idée de ce que ça valait. On a finalement conclu une entente. Je l'ai payé cinq dollars et je lui ai payé une grosse bière.»
Revenu au Québec, Michel Lauzon a appris que le spécimen qu'il avait acheté valait au bas mot 200$US. Il n'en fallait pas plus pour que sa passion pour les insectes renaisse.
Plus de 50 000$
La collection de Michel Lauzon s'est agrandie au fil des ans. Aujourd'hui, elle compte au moins 1000 spécimens et vaut plus de 50 000$ .
"La valeur, ça dépend surtout de l'offre et de la demande, explique-t-il. Plus un spécimen est rare, plus sa taille et ses caractéristiques sont exceptionnelles, plus il peut valoir cher."
Certains de ses insectes peuvent valoir jusqu'à quelques milliers de dollars pièce, tout dépend de l'intérêt des acheteurs.
"Il y a un bon marché de collectionneurs au Québec. Il m'arrive souvent de revendre certains des insectes que j'importe. Je fais le tri, je garde les spécimens les plus intéressants pour moi et je revends le reste. Ça permet de financer ma passion parce qu'il faut le dire, l'équipement, les insectes, ça coûte assez cher."
Dans l'atelier où il monte ses insectes dans des casiers et des présentoirs, les murs sont remplis de papillons, de scarabées, de chauve-souris, de mille-pattes, de scorpions, etc.
Des dizaines de casiers, eux aussi remplis d'insectes piqués dans des cases vitrées, ornent aussi la pièce.
"Monter les pièces, c'est un long travail, admet Michel Lauzon. Quand elles arrivent, il faut les trier, les choisir, les réhumidifier, les placer et les piquer sur leur présentoir. Dans certains cas, lorsqu'il s'agit de toutes petites bêtes, ça peut être très long."
Autodidacte
Ses connaissances sur les insectes, Michel Lauzon les a prises dans les livres. Informaticien de métier, il a tout vendu et quitté son emploi de Montréal pour venir s'installer à Shefford, avec sa conjointe et sa fille, dans une maison où il aurait l'espace nécessaire pour installer son insectarium privé et son atelier de travail.
"Si j'avais su plus jeune ce que je sais aujourd'hui, ce n'est pas en informatique que j'aurais étudié mais bien en entomologie. C'est ce que j'aurais voulu faire."
C'est un peu pour cette raison qu'il apprécie autant montrer sa collection aux jeunes enfants. Déjà, il a déplacé certains de ses casiers dans des écoles de la région où il est allé partager sa passion avec les écoliers.
"Les jeunes sont fascinés par les insectes, dit-il. Ces rencontres sont très instructives pour eux. Ça leur en apprend sur les insectes et sur leur mode de vie, mais aussi sur leur importance pour notre environnement. Ça leur fait aussi prendre conscience qu'il faut faire attention à la façon dont on traite la nature."
Ce qu'il espère, c'est que certains des jeunes qu'il rencontre aient aussi envie de monter leur propre collection, à même des insectes qu'ils peuvent trouver au Québec.
"C'est un beau passe-temps, dit-il, et je peux fournir l'équipement nécessaire au lancement d'une collection pour moins de cent dollars. C'est aussi une belle activité que parents et enfants peuvent partager."
Le collectionneur espère pouvoir offrir de plus en plus de ces conférences interactives au cours desquelles les jeunes peuvent même toucher des insectes morts.
"C'est très gratifiant pour moi", admet-il.
Même si sa collection est impressionnante, il lui reste au moins deux "fantasmes" à réaliser: mettre la main sur un Goliathus Atlas, une espèce de scarabée extrêmement rare et ouvrir un insectarium dans la région.
"J'aimerais trouver un partenaire pour ouvrir une salle d'exposition et une boutique, explique-t-il. Je voudrais aller plus loin que l'Insectarium de Montréal, donner encore plus d'informations aux gens, leur donner le goût de collectionner et d'en apprendre plus sur les insectes. Je suis convaincu que ça pourrait avoir beaucoup de succès."