Kevin Parent en avait lourd, très lourd sur le coeur, hier, lors de l'entrevue qu'il a accordée à La Voix de l'Est en prévision du spectacle qu'il donnera demain soir au Palace. Le lendemain de sa prestation au Club Soda de Montréal, c'est-à-dire le premier spectacle après son congé forcé dû à une commotion cérébrale causée lors d'une altercation sur la Grande Allée, à Québec.
Car ce n'est pas parce qu'il a finalement déposé une plainte au service de police de la Ville de Québec et qu'il foulera à nouveau les planches des diverses salles de spectacles de la province que l'auteur-compositeur-interprète gaspésien s'est remis de son agression. «Tu n'as qu'à aller voir les symptômes d'une commotion cérébrale sur internet pour comprendre que je suis loin de la rémission complète», a-t-il laissé entendre, la voix éteinte.
Seulement par le ton dans sa voix, ça s'entendait que le chanteur, l'homme, le père, était sorti meurtri de cet incident.
Pour tout vous dire, la journaliste se sentait un peu démunie au bout du fil, hier après-midi. Elle avait envie de lui dire, à Kevin, de se reposer, de prendre son temps, d'aller voir son fils, comme il en a manifesté le désir... et elle l'a fait. Mais de l'autre côté du combiné, elle a dû faire face à un lourd silence. Suivi d'hésitations... et de confidences.
«Tu sais, j'ai commencé à écrire des chansons pour sortir ce que j'avais en dedans. Mais là, je me rends compte que je suis rendu une '?$*!& de marionnette qui ne contrôle plus rien. J'ai juste le goût de tout laisser tomber, de changer de pays, de changer de nom. Il y a tellement de jeunes qui poussent de toute façon! Je pourrais aller planter des arbres, je pourrais faire du bénévolat... je pourrais faire n'importe quoi pour me faire oublier.»
Hier après-midi, Kevin donnait vraiment l'impression d'être un animal sauvage qu'on aurait mis en cage. Ou si vous préférez, d'un libre-penseur/créateur à qui on aurait imposé le carcan du show-business. À travers toutes ses confidences, il avait l'air du type qui avait besoin d'un break de sa vie, de vacances de lui-même, d'air pour respirer, ne serait-ce que pour survivre.
«Mais tu sais, Marie-Ève, ma job, c'est d'écrire des chansons, de les présenter au public. J'ai une équipe qui attend de moi que je mette du beurre sur leur pain. Et si vendredi soir, les sept personnes qui vont être présentes à mon show sortent avec le sourire, ça sera au moins ça de gagné. Alors oui, je vais lever la tête pour faire face à la lumière, je vais faire du mieux que je peux pour donner un bon show, mais je n'ai aucune idée de ce à quoi ça va ressembler. Je suis juste pas là.»