Une baisse de 30% en 40 ans

D'entrée de jeu, l'économiste Pierre Fortin a rappelé que le taux de décrochage atteignait plus de 40% en 1966 pour les jeunes âgés de 29 ans et moins. En 2010, ce taux ce situe à 12%.

Le nombre de jeunes sans diplôme d'études secondaires a chuté de près de 30% depuis 40 ans. «Nous avons grandement réussi avec le système scolaire québécois à réduire le nombre de gens sans diplôme», a insisté l'économiste Pierre Fortin, de passage à Saint-Césaire, hier matin.


Le professeur émérite de sciences économiques à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) était l'invité du colloque Pour préparer la relève de demain organisé par l'école secondaire Paul-Germain-Ostiguy.

 



D'entrée de jeu, l'économiste a rappelé que le taux de décrochage atteignait plus de 40% en 1966 pour les jeunes âgés de 29 ans et moins. En 2010, ce taux ce situe à 12%.

M. Fortin a souligné que les journaux font souvent état d'un taux de décrochage d'environ 29% au Québec. «Ce qui n'est pas faux», a-t-il mentionné en précisant que cette statistique élevée concerne dans les faits les jeunes de 19 ans et moins. Or, «beaucoup de jeunes raccrochent dans la vingtaine et obtiennent leur diplôme», avance le chercheur.

Rappelons que pour le gouvernement du Québec, un jeune qui n'obtient pas son diplôme d'études secondaires à l'intérieur de cinq ans est automatiquement considéré comme un décrocheur.

Quoi qu'il en soit, l'économiste n'a pas caché que la situation des garçons est particulièrement inquiétante lorsqu'il est question de décrochage scolaire. «La condition masculine est un problème très profond. Ce n'est pas un cadeau d'être un homme, a-t-il dit en riant. Pour 100 filles sans diplôme, il y a 150 gars.»



Impact économique

Pierre Fortin a repris le discours qu'il a tenu dans les médias, l'an dernier, concernant l'impact économique du décrochage scolaire. Un jeune sans diplôme gagne environ 7000$ de moins par an qu'un diplômé et prive ainsi le gouvernement d'un revenu d'impôt additionnel.

Le décrochage a aussi un impact social important, soutient M. Fortin. L'estime de soi, la santé, la stabilité du couple, le sentiment de sécurité financière, la satisfaction au travail, la capacité de planifier l'avenir peuvent être affectés, a énuméré le conférencier.

L'économiste a terminé sa conférence en proposant des mesures musclées pour atteindre l'objectif fixé par la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, qui souhaite un taux de décrochage de 9%. L'école obligatoire jusqu'à 18 ans, encadrer plus solidement les jeunes dans les quartiers pauvres et récompenser financièrement la réussite sont les solutions avancées par M. Fortin.

Quinze heures de travail, pas plus

Pour s'attaquer à son taux de décrochage de 32,4%, l'école Paul-Germain-Ostiguy a sollicité les employeurs de la région pour les sensibiliser à l'importance de ne pas faire travailler les étudiants plus de 15heures par semaine. «Ne cédez pas à la demande des étudiants qui veulent plus d'heures de travail», a imploré l'enseignante Marie-Pierre Gibson à la centaine de personnes présentes au colloque, dont plusieurs gens d'affaires.



Mme Gibson a relevé que plus les étudiants travaillent, plus ils se créent des besoin inutiles. «Ils ont des cellulaires avec des forfaits dignes de ceux des chefs d'entreprise, a-t-elle affirmé. Ce sont des champions pour se trouver des dépenses.»

L'étudiante Tricia Gaucher est tombée, l'an dernier, dans ce piège de la consommation. «Je travaillais 25 à 30heures dans un commerce de restauration rapide. L'argent que je gagnais servait à payer mon permis de conduire, mes assurances, mon essence, mon abonnement à la boxe, mes vêtements et mon forfait de cellulaire, a-t-elle raconté. J'ai fini par ne plus avoir les moyens de payer certaines choses. J'avais des troubles du sommeil, des échecs constants et ma relation avec mes parents était affectée.»

Cette année, la jeune fille en cinquième secondaire a remédié à la situation en changeant d'emploi et en n'acceptant plus de travailler au-delà de 15heures par semaine. «Et je gère mieux mes revenus», a-t-elle assuré.