D'ex-membres de la coop dénoncent sa gestion

Les coûts d'entretien de l'immeuble cédé par les Soeurs de La Présentation s'élèvent à 100 000$ par année. Et selon Benoît Bouffard, président du conseil d'administration de la CoopAQ, des travaux de réfection d'environ 3 millions de dollars sont nécessaires.

D'ex-membres de la Coopérative académique du Québec (CoopAQ), propriétaire du vieux couvent de Saint-Césaire, s'inquiètent de l'avenir du bâtiment patrimonial, et particulièrement de celui de la chapelle qui y est annexée. C'est que la situation financière de la CoopAQ est plus que critique: une liquidation pourrait être envisagée à moyen terme. Les ex-membres, qui ont été exclus de la CoopAQ à l'automne dernier, craignent la perte de ce lieu qu'ils estiment être de grande valeur pour la collectivité et critiquent les façons de faire des gestionnaires.


Cinq d'entre eux se sont réunis hier à la boulangerie de Pierre Munier, à Saint-Césaire, pour dénoncer la situation.

«La façon dont ils ont géré le projet est impardonnable, inadmissible et méprisante», affirme Suzanne Provencher. Les ex-membres ne digèrent pas d'avoir été exclus de la coop parce qu'ils ont refusé l'imposition par le C.A. d'une cotisation annuelle de 100$. Un avis de contestation signé par une trentaine de personnes a d'ailleurs été envoyé au C.A. de la CoopAQ le 11 novembre dernier. «Ils nous ont envoyé une lettre disant qu'ils maintenaient l'exclusion et la cotisation», explique Mme Provencher.



 

«On a fait ça selon les règles», rétorque Benoît Bouffard, le président du conseil d'administration de la CoopAQ, joint au téléphone. Ce dernier précise que les parts sociales payées par les membres exclus leur seront remboursées. «Aussitôt qu'on en a la capacité, on va leur rembourser. Ce n'est pas un refus de le faire.» Le gestionnaire précise toutefois: «Si on en arrive à une liquidation, ils (les membres) ne sont pas les premiers à être remboursés. Il y aura d'abord les fournisseurs, les créanciers, puis après les membres».

C'est que la situation financière de la CoopAQ est plus que précaire. Dans ses beaux jours, celle-ci a compté plus d'une centaine de membres et accueilli jusqu'à 26 locataires, soit un café, des artistes, des thérapeutes, des organismes à vocation environnementale, etc. Aujourd'hui, il n'en reste que trois. «Ça marchait bien jusqu'au printemps dernier, alors que des rumeurs de fermeture ont été annoncées par le C.A. d'alors. Donc, c'est sûr que si tu es entrepreneur, tu songes à aller ailleurs», explique M. Bouffard,

Les coûts d'entretien de l'immeuble cédé par les Soeurs de La Présentation s'élèvent à 100 000$ par année. M. Bouffard ajoute que des travaux de réfection d'environ 3 millions de dollars sont nécessaires. «On parle presque d'une rénovation complète», dit-il. «Le toit a commencé à couler», ajoute-t-il, et le chauffage a été baissé pour en diminuer les coûts.



Les ex-membres craignent une détérioration des lieux. «Il y a des peintures historiques dans la chapelle», dit Benoît de Margerie. «C'est un monument superbe, la chapelle. Je suis inquiet de ça.»

La Ville de Saint-Césaire a octroyé un prêt de 40 000$ pour la réfection du toit, mais comme ces travaux se sont révélés plus coûteux, la CoopAQ affirme avoir utilisé l'argent pour faire d'autres rénovations mineures pressantes. Cette décision a poussé la Ville à demander le remboursement du prêt, à raison de 500$ par mois, selon l'entente conclue avec la CoopAQ. «Les versements ont été effectués tous les mois», assure le maire, Serge Gendron. Toutefois, une créance d'environ 35 000$ reste à payer. «Là, ils sont en difficulté. On ne sait pas ce qu'il se passe», s'inquiète-t-il.

Les amis de la chapelle

Les ex-membres ont fondé hier l'Association des amis de la chapelle, dont le but est de permettre «l'échange de leurs préoccupations concernant la sauvegarde de la chapelle historique du couvent, vieux de 150 ans. «On invite tous ceux intéressés à se joindre au groupe à inscrire leur adresse e-mail dans un livre déposé à la boulangerie Munier et filles», explique Mme Provencher, précisant que les gens pourront ainsi recevoir de l'information sur l'avenir de la chapelle.

«Le sort de la chapelle ne devrait pas demeurer entre les mains des membres du C.A. La communauté aurait tout intérêt à se mobiliser pour éviter de voir la chapelle devenir la salle à dîner d'un riche retraité», affirment Mme Provencher et Yves Steinmetz dans une lettre d'opinion. Le groupe d'ex-membres songe d'ailleurs à intenter un recours collectif contre la CoopAQ. «Ça s'organise», s'est limitée à dire Mme Provencher.

Lors de la séance du conseil municipal, mardi, les élus ont adopté une résolution pour demander une rencontre avec les membres de la CoopAQ. «On aimerait connaître leurs plans, savoir s'ils comptent vendre ou non et protéger le reste du prêt de 40 000$ pour ne pas le perdre», affirme le maire Gendron.



M. Bouffard, lui, croit toujours au projet. «Je suis très confiant, dit-il, parce qu'il y a beaucoup d'acteurs économiques et sociaux qui tiennent aussi à ce bâtiment à vocation patrimoniale».

Le C.A. de la CoopAQ planche sur un projet différent, qui assurerait un caractère public à l'ancien couvent et permettrait l'accès de la population à la chapelle. «On cherche à louer à des organisations de services publics, comme des organismes gouvernementaux ou une commission scolaire», cite-t-il en exemple. «Le but est d'avoir des locataires qui sont peut-être moins en démarrage d'entreprise et plus solides financièrement, qui peuvent avoir un bail à plus long terme», souhaite-il.

Le président du C.A. n'écarte tout de même pas une vente partielle de l'édifice ou une liquidation complète. «Si, en avril-mai, on n'a rien de sérieux de ce côté, on irait en vente, avance-t-il, ajoutant que le C.A. regarde aussi la possibilité de «vendre par parties et de devenir des copropriétaires».