«J'étais dans la cuisine et tout a commencé à bouger, je me disais que c'était terminé pour moi, que tout allait s'écraser, raconte le missionnaire. Un homme a crié «Sors de là ''thur bonbon'', qui est mon surnom parce que je donne des bonbons aux enfants, et il m'a aidé à sortir.» Dehors, il a réalisé que le bâtiment, dessiné en partie par un de ses fils, a tenu le coup. Un signe de Dieu, dit-il, mais aussi... que son fils a un talent certain d'architecte. Le bâtiment était installé dans le village de Tiverny, qui compte 2500habitants.
Immédiatement après le séisme, un des fils de M. Guignard a appellé le Québec pour rassurer la famille sur leur condition. Le gouvernement a aussi veillé à planifier leur retour au pays. «Ils nous ont sortis, car ils avaient peur des attaques de gens à la recherche de nourriture», raconte M. Guignard. Même s'il ne craignait pas pour sa vie ou sa sécurité, il a accepté d'être évacué.
Arrivé à Port-au-Prince, il a réalisé l'ampleur du désastre: le séisme avait tout détruit. «Tout était écrasé et l'odeur de la mort était partout, raconte-t-il. Autour de l'ambassade, des Haïtiens nous demandaient de les amener avec eux, car ils avaient perdu leurs parents et leur famille. On voyait la peur dans leurs yeux.»
Arthur Guignard a laissé derrière lui des amis et un pays qu'il aime profondément. Il compte retourner au plus vite auprès du peuple haïtien pour l'aider dans son épreuve. «Je pensais leur apporter le bonheur, mais j'ai réalisé que c'est eux qui me l'ont donné», raconte-t-il pour expliquer sa motivation. Il espère que le drame que connaît le pays ne chassera pas à jamais la bonne humeur légendaire de son peuple et invite les Québécois à être des acteurs de sa reconstruction en donnant généreusement pour le pays.