L'idée de créer la coopérative Vents Rivière-aux-Brochets est celle d'André Pion. Le producteur agricole du Canton de Bedford travaille depuis près d'un an sur le dossier. Il s'agit selon lui de la meilleure façon de participer à l'appel d'offres d'Hydro-Québec pour l'achat de 250 mégawatts d'électricité produite par des éoliennes. Contrairement aux deux premiers appels d'offres lancés par la société d'État, celui-ci ne s'adresse qu'aux projets issus des communautés. Seules des MRC, des municipalités ou des coopératives peuvent y participer.
La coopérative devra être propriétaire d'au moins 30% du parc éolien pour se conformer aux exigences de l'appel d'offres. Hydro Québec exige par ailleurs qu'au moins 30% du projet soit financé par des liquidités. Le reste peut être emprunté. La future coop doit donc trouver 2 millions de dollars pour investir, a expliqué hier matin M. Pion devant les médias. Il espère pouvoir amasser ce montant en vendant des cartes de membres aux citoyens de la région. Les municipalités aussi pourraient devenir membres.
Les détenteurs de parts obtiendront des redevances de l'électricité vendue. «On pense que c'est un beau projet pour la communauté, un projet de développement économique pour notre région», a affirmé M. Pion.
Gilles St-Jean était présent hier lors de l'annonce. Le maire du Canton de Bedford est emballé par ce qu'on lui a présenté. «C'est très intéressant non seulement pour les agriculteurs, mais aussi pour les citoyens et les municipalités. Ça va nous donner de l'argent pour des projets», a-t-il soutenu.
Il n'est pas exclu que sa municipalité investisse. «On veut avoir plus de détails, savoir quelles seront nos redevances. Après on décidera, mais c'est sûr que ça serait plus payant que de laisser notre argent à la banque avec les taux d'intérêts qu'elle donne ces temps-ci.»
Le reste du financement proviendra de l'entreprise qui opérera le parc. Cette entreprise en sera propriétaire à 65%. L'autre 5% sera détenu par le groupe SM International. Cette firme est la même qui a déposé en 2007 un projet de parc éolien de 46,5 mégawatts. Hydro Québec ne l'avait pas sélectionnée.
Plusieurs municipalités des environs appuient le projet. Il faut dire qu'elles toucheront aussi des redevances s'il se réalise, et ce, même si aucune éolienne ne se trouve sur leur territoire. Les montants reçus devront servir à des projets bénéficiant à toute la communauté.
On s'attend à ce que la MRC de Brome-Missisquoi donne également son assentiment. M. Pion y compte bien, puisque le projet doit être socialement acceptable pour la population. Une soirée d'information est d'ailleurs en préparation pour renseigner les citoyens quant à l'avancement du projet. Elle devrait avoir lieu vers la mi-février.
D'ici là, beaucoup de travail reste à faire avant le 19 mai, date butoir pour déposer une soumission, reconnaît M. Pion. Un comité provisoire sera mis en place bientôt pour jeter les bases de la coopérative. L'une des premières tâches sera de déterminer le montant des parts sociales. Le peu de temps dont disposera la coop pour recruter des membres n'inquiète pas M. Pion. «Nous avons maintenant l'appui des municipalités. On peut foncer. On a amplement le temps d'y arriver.»
Des négociations devront aussi être menées avec les agriculteurs chez qui les éoliennes devraient être construites ainsi qu'avec les municipalités pour déterminer les montants des redevances. Le Groupe SM International se charge de convaincre le principal investisseur d'apposer son nom sur la soumission. M. Pion n'a toutefois pas voulu dévoiler quelles entreprises ont été approchées.
Avec ou sans AAER
Parmi les étapes à franchir, la coopérative devra trouver un turbinier. La société AAER énergie éolienne opère son usine à Bromont, municipalité nouvellement membre de la MRC de Brome-Missisquoi. La coop optera-t-elle pour AAER?
La question embête M. Pion. Les difficultés financières du manufacturier ne passent pas inaperçues, dit-il. «On suit ce qui se passe chez eux. Mais c'est sûr qu'on ne peut pas les exclure; ils sont dans notre MRC. On va leur parler.»
M. Pion a laissé entendre que la soumission pourrait inclure certains scénarios, des turbiniers différents, par exemple.
Clairement, l'échec de la dernière soumission est encore mal accepté. Le parc éolien de SM International aurait été équipé des turbines d'AAER. Aucun des projets auxquels AAER était associé n'a été retenu par Hydro-Québec.