Haïti: la désolation

Dévastation à Canapé-Vert.

«Ça va mal, ça va mal...»


Comme plusieurs Haïtiens qui demeurent maintenant à Granby, Solidad Pierre-Toussaint passe des heures sombres: plusieurs de ses proches habitent Port-au-Prince et elle n'a aucun moyen de les joindre.

«C'est un gros stress, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit», dit l'employée de restaurant de 42 ans. C'est terrible, aucun cellulaire ne fonctionne et l'internet ne fonctionne pas non plus. Je n'ai aucune nouvelle.»



 

Pas moyen, donc, pour elle de communiquer avec sa mère, ses soeurs, ses frères, ses cousins et sa pléthore de neveux, nièces et petits-enfants qui demeurent dans la capitale haïtienne frappée mardi soir par un fort séisme. «On n'avait pas besoin de ça.»

Pis encore, Mme Pierre-Toussaint a appris par les médias que le quartier de son enfance, Pétionville, où elle possède toujours une maison qu'elle retrouve trois mois par année, a, comme bien d'autres, été presque complètement détruit. «Je ne sais plus si j'ai encore mon pied-à-terre.»

De son côté, Walter Fleuristil, craint surtout pour sa mère de 80 ans qui habite seule dans le quartier Thomassin. «J'ai peur qu'elle se fasse attaquer ou voler, dit l'employé de l'usine Trebor de 53 ans. Ça fait des années que j'essaie de la faire venir au Québec. Je crains les voleurs et les bandits.»



Lui non plus n'a réussi à joindre aucun membre de sa famille proche restée là-bas. Seule une cousine, qui utilise un cellulaire américain, a pu lui parler, pour un bref instant. Elle va bien.

«Elle m'a dit que les gens sont tous dans la rue pour voir si leurs proches vont bien et quels sont les dégâts», dit M. Fleuristil.

Comme lui, Yola Joseph-Touchette, 65 ans, reste rivée à sa télévision et l'oreille collée au téléphone pour tenter de joindre la dizaine de ses proches qui demeurent à Port-au-Prince. «Mais ça ne sonne pas ou ça sonne engagé», dit celle qui dirige un organisme qui vient en aide aux Haïtiens.

Se relever

L'inquiétude règne, mais les Granbyens d'origine haïtienne interrogés hier pensent tous que le pays le plus pauvre des Amériques saura se sortir de cette nouvelle calamité.

«On se relèvera, même si on a perdu beaucoup d'espoir», indique Mme Pierre-Toussaint. «Ce dont on a besoin, c'est plus d'éducation et de présence humaine», croit M. Fleuristil, qui doit se rendre bientôt dans son pays d'origine.



«Nous sommes capables de nous en sortir, ce n'est pas insurmontable, dit Mme Joseph-Touchette. Nous n'avons pas le choix de nous relever. Tous les pays ont leur lot de difficultés. Il ne nous faudrait qu'un homme d'État fort. Ou une femme.»