Perdue pendant cinq heures dans la tempête

Souffrant d'hypothermie, Noella Ménard a été conduite à l'hôpital de Granby 

Noella Ménard, 76 ans, a été retrouvée saine et sauf, samedi soir, après avoir passé plus de cinq heures dehors au froid, en pleine tempête de neige. La dame, atteinte d'Alzheimer, avait quitté la Résidence du Verger à Saint-Paul-d'Abbotsford à l'insu du personnel. Un pompier de 30 ans d'expérience a retrouvé la femme à environ 1500 pieds du centre d'hébergement, alors que le mercure frôlait les -20 degrés Celsius. Un important dispositif a été déployé pour retrouver la dame.


«On a décidé d'aller voir près de l'ancien puits et on a vu des traces. J'ai suivi les traces et ça arrêtait, mais en me tournant, je l'ai vue tout de suite. Elle ne parlait pas du tout, elle avait les yeux grands ouverts et faisait des râlements», raconte Luc Choquette,

 



«J'ai crié que j'avais besoin d'aide. Il fallait la sortir de là, car elle était en train de souffrir. C'est sûr que son corps combattait, mais pendant combien de temps ? Il fallait qu'elle sorte immédiatement.» Encore sur l'adrénaline, M. Choquette a expliqué que la dame se trouvait dans un petit bois, près de la piste cyclable qui sillonne le secteur. «Elle a été chanceuse qu'on la retrouve dans ça», a-t-il ajouté.

Souffrant d'hypothermie, la septuagénaire a été transportée à l'hôpital de Granby, où elle reposait samedi aux soins intensifs. Hier, elle était toujours sous observation, mais son état était stable.

Circonstances

Samedi, à 14 heures, Noella Ménard décide de quitter la Résidence du Verger, où elle demeure. Elle confie à certains résidants qu'elle souhaite aller au bureau de poste. Son état de santé impose cependant qu'elle ne sorte jamais seule, précise le porte-parole de la SQ, Marc Butz.



Réalisant son absence, les surveillants du centre d'hébergement donnent l'alarme et contactent la Sûreté du Québec à 14h15. Le temps presse puisque la dame âgée est sortie avec un léger manteau et des souliers. Rien pour affronter la neige et les vents qui balayaient Saint-Paul-d'Abbotsford, samedi après-midi. Considérant ces facteurs, une importante opération de recherche mobilisant une trentaine de personnes est lancée.

En plus de policiers et de pompiers volontaires fouillant les environs du centre d'hébergement, un maître chien a aussi participé aux recherches après la découverte de traces de pas à l'arrière du bâtiment. L'information de départ étant floue, la Sûreté du Québec a contacté le service de police de Granby pour qu'elle procède, elle aussi, à des recherches sur son territoire. Plusieurs lieux publics ont ainsi été visités, dont les Galeries de Granby pour s'assurer que la femme ne s'y trouvait pas.

L'hôtel de ville de Saint-Paul-d'Abbotsford a fait office de quartier général tout au long de la journée. Dean Thomson, le maire de la municipalité, y a été présent un bon moment pour coordonner les opérations, en plus d'effectuer lui-même des recherches. «Ça se passe dans un secteur assez accidenté, confiait-il en après-midi. Il y a des fossés partout, des champs, de la forêt, une pépinière et beaucoup de neige.»

Versions contradictoires

Tout en se réjouissant du dénouement heureux, plusieurs secouristes peinaient à comprendre comment une femme souffrant d'Alzheimer pouvait avoir pu sortir aussi facilement de son foyer d'hébergement. Selon une employée, qui n'a pas voulu être identifiée, la dame n'en serait pas à sa première escapade et se serait retrouvée dans un commerce de la rue Principale, encore une fois en pleine tempête de neige, au début de l'hiver. La directrice du Centre d'hébergement, Manon Gladu, nie cependant qu'un tel événement se soit produit, affirmant que la disparition de la fin de semaine est la première à survenir à son établissement.