Les choses ont bien changé

«Dernier rempart, hein? Je n'aime pas trop l'expression, mais force est d'admettre que c'est un peu ça.»


Le théologien et ex-enseignant à l'Université de Montréal, Guy Durand, a vécu les belles années de la messe de minuit. Cette époque où les chrétiens se réunissaient devant le curé, à minuit pile, pour célébrer la naissance du Sauveur, pour vivre un grand moment de spiritualité, où, une fois la messe terminée, les paroissiens s'attardaient sur le parvis de l'église pour s'échanger de bons voeux, pour discuter.

«Si on était chanceux, on pouvait parfois retrouver une orange dans nos souliers, une fois rentrés à la maison», se souvient-il.



 

M. Durand a aussi un vif souvenir des heures précédant la fameuse messe de la Nativité.

«Nos parents venaient nous réveiller vers 11h pour que l'on se prépare, raconte-t-il. On vivait un grand moment. Un grand moment de notre vie de chrétien.»

Différent



Les choses ont bien changé depuis ce temps. L'aspect spirituel a presque complètement disparu des célébrations de Noël, note-t-il, pour faire place à la surenchère des cadeaux et des victuailles.

Mais de l'avis de Guy Durand, la messe de minuit réussit encore, malgré tout, à attirer les gens.

«Ça marche parce qu'il s'agit d'une messe plus familiale, dit-il. Il y a plus d'enfants, c'est plus dynamique. C'est une des traditions chrétiennes à laquelle les gens sont le plus attachés et il y a de très belles choses qui sont faites dans les églises.»

Si plusieurs paroisses ont substitué la messe de Noël traditionnelle de minuit par quelques messes en soirée, le 24 décembre, et d'autres en matinée le 25 décembre, c'est pour deux raisons bien précises, affirme Guy Durand.

«Il y a d'abord le manque criant de prêtres disposés à officier à cette heure, mentionne le théologien, résidant de Dunham. Les croyants de plusieurs paroisses n'ont d'autre choix que de se regrouper pour assister à une messe de minuit parce qu'il n'y a pas suffisamment d'effectifs pour en tenir partout.»

«Il y a aussi les exigences de la vie moderne, ajoute-t-il, les difficultés de réunir toute la famille en même temps pour les célébrations de Noël. C'est une chance que les organisations chrétiennes locales ait choisi de tenir des messes de Noël à diverses heures. Ça permet d'accommoder les gens et de répondre à leurs besoins.»



À l'instar du père Marc Allaire (voir autre texte), Guy Durand croit que l'Église catholique devrait justement s'inspirer de ce qui se fait dans les communautés chrétiennes locales pour faire les changements qui s'imposent.

«Il faut cesser de dire que l'Église doit avoir le même message partout dans le monde, clame-t-il. L'Église ne devrait pas hésiter à s'adapter selon les peuples, selon les cultures. C'est peut-être la seule façon de ramener un peu de gens dans les églises.»

marc.gendron@lavoixdelest.qc.ca