Le ministère a inspecté la source, le 24 novembre. «Le rapport indique qu'il y a un coliforme fécal, alors en partant ça signifie que l'eau n'est pas potable. Les coliformes totaux, il y en a 72», indique Émile Grieco, porte-parole du MDDEP.
Comme le point d'eau était toujours accessible, le ministère a transmis un avis écrit à la Ville pour qu'elle la rende inaccessible.
La Ville a scellé le couvercle d'acier posé sur le réservoir d'où coule la source. Et le tuyau qui permettait à l'eau de s'écouler a été coupé. «Nous voulions nous assurer que les gens ne puissent plus remplir leurs contenants, dit Serge Robert, responsable du dossier à la Ville. Des gens ont appelé à l'hôtel de ville pour dire qu'ils n'étaient pas contents.»
Bien qu'un panneau avec la mention «eau non potable» soit installé près de la source depuis bon nombre d'années, des gens s'y rendaient régulièrement pour s'approvisionner. Une clôture qui aujourd'hui s'est effondrée entourait aussi la source.
Malgré qu'il ait fouillé dans les archives, Serge Robert n'a pas réussi à retracer l'année où la Ville a interdit l'accès à la source située sur la parcelle des terres Miner louée par l'organisme Ferme Héritage Miner. La découverte de coliformes fécaux avait justifié d'en proscrire la consommation.
Eau potable?
Didier Plaat, expert conseil en traitement de l'eau, se rappelle avoir analysé l'eau de cette source en 1983, alors qu'il travaillait au cégep de Granby. Le propriétaire de l'entreprise Solutions limpides se souvient que les trois analyses subséquentes qu'il avait faites à l'époque avaient révélé la présence de coliformes fécaux.
M. Plaat a prélevé un nouvel échantillon le 24 novembre à la demande de La Voix de l'Est. Le laboratoire Aqua-Mac à Montréal a effectué l'analyse selon laquelle l'eau serait potable.
Aucun coliforme fécal n'a été trouvé et seulement deux coliformes totaux. «Pour que l'eau soit potable il faut qu'il n'y ait aucune trace de coliformes fécaux et un maximum de dix totaux», explique M. Plaat.
Ce dernier a poussé l'analyse plus loin en demandant que la quantité de bactéries BHAA et atypiques soit identifiée. «Ces bactéries sont d'habitude très présentes dans l'eau et peuvent masquer la présence de celle que l'on recherche (coliformes fécaux et totaux), vulgarise-t-il. Pour les BHAA, la norme est de 500 maximum et pour les atypiques 200.» Le rapport d'analyse de la source Miner indique quatre dans la colonne des BHAA et 52 dans celle des atypiques. «Les bactéries qui pourraient masquer sont presque absentes, souligne M. Plaat. Quand j'ai vu les résultats, j'ai été très surpris.»
Le propriétaire de Solutions limpides aimerait toutefois qu'une analyse physico-chimique soit menée afin de déterminer la quantité de nitrites, de nitrates et d'arsenic. Et avant de dire aux gens de la boire, il demanderait qu'une seconde analyse bactériologique soit effectuée.
Avis contraire
Le MDDEP, qui a aussi prélevé un échantillon de la source, le 24 novembre, n'arrive pas aux mêmes conclusions que le laboratoire Aqua-Mac. Son rapport a été envoyé à la Ville de Granby qui a pris les mesures nécessaires, il y a deux semaines, pour rendre impossible l'approvisionnement.
«C'est stupide, lance Pascal, rencontré alors qu'il venait chercher de l'eau, hier. Ça fait 20 ans que moi, ma mère, mon père et mes frères buvons de cette eau et on n'a jamais été malades, assure-t-il. L'eau de la source a meilleur goût que celle de la Ville. Nous en buvions un 18 litres par semaine.»
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