La Ville n'était pas au courant que le gros détaillant cherchait un site pour un nouveau magasin, soutient Arthur Fauteux. «On en entendait un peu parler, mais l'autre magasin Canadian Tire (ndlr: celui de la rue Sud) était tellement récent qu'on ne croyait pas qu'ils en construiraient un autre», soutient le maire de Cowansville.
M. St-Louis assure qu'il l'ignorait aussi. Le 23 février 2005, l'entreprise dont il est l'actionnaire principal, Horizon Devcow, a acheté le terrain avec l'intention d'y implanter deux concessions automobiles, Toyota et Mazda, à côté du magasin Wal-Mart. Le 29 septembre de la même année, cependant, il scindait son terrain en deux et en vendait 27 870 mètres carrés (300 000 pieds carrés) à la multinationale du commerce. «Ce sont les gens de Canadian Tire qui ont communiqué avec nous. On a été surpris. Ils nous ont dit qu'ils voulaient ce terrain», a expliqué M. St-Louis. Finalement, il a aménagé ses deux concessions plus au nord, au coin des rues de Salaberry et de Sherbrooke.
La transaction avec Canadian Tire n'a pas été l'affaire du siècle, assure l'homme d'affaires, malgré le montant de la vente. L'état du terrain ne permettait pas la construction d'un bâtiment en raison d'une importante pente. Le nivellement du terrain a nécessité 7500 voyages de terre, se rappelle M. St-Louis. L'ampleur de la pente peut être constatée par l'immense mur de pierre dressée près du concessionnaire Mazda.
La facture pour niveler le terrain s'est élevée à un peu plus d'un million de dollars. Ce qui fait dire à M. St-Louis qu'il n'y a pas de scandale dans cette transaction. «Je n'ai pas mis beaucoup de profit dans mon compte de banque avec ça. J'ai investi pour le futur», a-t-il souligné.
Un autre terrain
Le but de M. St-Louis est de créer un achalandage dans le secteur. Il prévoit d'ailleurs poursuivre ses investissements sur la rue de Sherbrooke en attirant d'autres concessionnaires automobiles. C'est pour cette raison qu'il a acheté un autre grand terrain de la Ville le long de cette rue. Cette autre transaction, réalisée en août, avait suscité des réactions surtout en raison du prix payé: 500 000 $. L'évaluation foncière de la Ville était de 1,3 million. Aussi, il dispose de cinq ans pour développer le terrain. Habituellement, la Ville accorde deux ans aux promoteurs.
Encore ici, M. St-Louis se défend d'avoir bénéficié d'un traitement de faveur de la Ville. «Ça faisait quatre ans que ce terrain était à vendre. On ne voyait même plus le numéro de téléphone sur le panneau disant qu'il était à vendre, soutient-il. Ça été accepté à l'unanimité par le conseil.»
Le terrain en question n'était pas très en demande, reconnaît le maire Fauteux. «On a eu une seule autre offre, de 450 000 $. On savait que ça se développerait tôt ou tard. On souhaitait que ça soit un particulier qui s'en occupe. Ce n'est pas l'expertise de la Ville.»
L'homme d'affaires entend subdiviser le terrain en lots avec l'intention d'en vendre quelques-uns. Mais bien qu'il estime avoir fait une bonne affaire, M. St-Louis indique qu'il n'a pas fini d'allonger des dollars. Il devra prolonger la rue, installer des tuyaux pour l'aqueduc et les égouts, étendre de l'asphalte. Tout ça a ses frais. «Ce ne sont plus les Villes qui s'occupent de ça; ce sont les promoteurs. J'en ai pour environ 500 000 $», calcule-t-il.
Le maire Fauteux estime que la Ville a fait les bons choix. «Aujourd'hui, ce n'est plus aux Villes de prendre des risques avec le développement commercial, ce sont les investisseurs.»
Et concernant le délai de construction autorisé, M. Fauteux justifie cette clause par la récession qui frappe et les difficultés vécues par l'industrie de l'automobile. «Il faut aider comme on peut les gens qui investissent chez nous», a expliqué le maire.
Cette histoire de transactions sort en pleine campagne électorale. Ce n'est pas un hasard, estime M. St-Louis, pour qui la cible est le maire Fauteux. «Je ne suis qu'un accessoire là-dedans. Je ne suis pas un ami de M. Fauteux. Des gens cherchent à lui nuire, c'est assez clair.»
Nous avons obtenu copie de ces transactions d'une source proche des opposants au changement de zonage dans les secteurs de la rue Ayers et de la Montée Moone. Ces citoyens s'opposent à ce que le terrain agricole qui sépare les deux secteurs fasse place à un projet résidentiel de maisons de luxe.