Le député de Shefford, qui a co-présidé la campagne à la chefferie de M. Taillon, devient donc chef parlementaire du deuxième groupe d'opposition. C'est lui qui coordonnera le travail des cinq autres députés du parti et c'est lui qu'on entendra le premier lorsque l'ADQ interviendra en Chambre lors de la période des questions. «Je suis sincèrement honoré», a affirmé M. Bonnardel lorsque joint hier après-midi. «Mario Dumont m'a fait confiance en 2007 pour agir comme whip du parti, maintenant c'est Gilles qui me fait un honneur.»M. Taillon en a fait l'annonce aux journalistes après avoir rencontré son équipe de six députés hier matin. La semaine dernière, après avoir été déclaré chef du parti, il les avait rencontrés pour discuter des rôles de chacun d'entre eux. «Il voulait savoir si tout le monde était à l'aise avec leurs dossiers et s'ils voulaient changer. Il était important pour lui de connaître les idées de tout le monde», a expliqué M. Bonnardel.C'est au cours de la semaine dernière, soutient M. Bonnardel, que M. Taillon lui a demandé s'il serait intéressé à occuper le poste de chef parlementaire. Le choix a déplu à Éric Caire, député adéquiste de La Peltrie.L'adversaire de M. Taillon lors du la course à la chefferie réclamait le poste de chef parlementaire. Sa demande aurait donné à l'ADQ une «direction bicéphane» comme on retrouve à Québec solidaire, a-t-on appris hier.M. Taillon a qualifié l'idée «d'inacceptable». «J'ai été élu chef. Je suis le seul à avoir eu 50 % plus un des votes», a-t-il affirmé à La Presse. Il a ajouté que tous «doivent respecter le vote démocratique.»La nomination de M. Bonnardel n'est pas un désaveu du travail de la chef intérimaire, Sylvie Roy, insiste le nouveau chef parlementaire. Elle ne survient pas non plus en raison des pressions des libéraux pour que M. Taillon la remplace. «Mme Roy a fait un très bon travail. Elle a posé de bonnes questions au gouvernement. On n'a rien à lui reprocher», a indiqué M. Bonnardel.La députée de Lotbinière a secoué l'Assemblée nationale la semaine dernière en affirmant que trois ministres avaient séjourné sur le bateau de Tony Accurso, cet entrepreneur mis sur la sellette dans l'histoire des contrats publics à la Ville de Montréal.Faire diversionDepuis cet épisode, les libéraux cherchent à s'offrir la tête de Mme Roy. François Bonnardel y voit une tentative de diversion. Il a rappelé que Mme Roy n'avait pas nommé les ministres concernés. «C'est le premier ministre qui l'a fait», a-t-il dit hier en entrevue.François Bonnardel trouve par ailleurs intriguant le fait que M. Accurso lui-même ait nié que les trois ministres en question, Norman MacMillan, David Whissell et Julie Boulet, soient un jour ou l'autre montés sur son bateau. «Il est venu à l'aide du gouvernement; c'est assez particulier comme situation», a-t-il lancé.Le nouveau chef parlementaire entend continuer de demander que le gouvernement lance une enquête publique sur les allégations de collusion dans le secteur de la construction.L'ADQ, note M. Bonnardel, fera aussi pression sur le parti ministériel dans trois autres dossiers: les finances publiques, le système de santé et le décrochage scolaire.M. Bonnardel estime que les libéraux doivent présenter un plan de réduction des dépenses dans l'appareil gouvernemental ainsi que dans les sociétés publiques, et ce, avant de hausser les tarifs des services publics, dont ceux d'Hydro-Québec. «Quand la colonne des revenus ne bouge pas et que celle des dépenses augmente sans arrêt, ça ne fonctionne pas», illustre-t-il.Relation affectiveConcernant sa relation affective avec Nathalie Normandeau, M. Bonnardel assure qu'il fera son travail sans en être affecté, même si ses questions pourraient devoir être adressées à la ministre des Ressources naturelles et de la Faune, qui est également vice-première ministre.S'il reconnaît que «la ligne est mince», pour reprendre ses propres mots, M. Bonnardel soutient que «rien ne va changer» dans sa façon de confronter le gouvernement sur des questions délicates.«Je ne me fais pas bâillonner parce que Mme Normandeau, Nathalie, est de l'autre côté.»mlaliber@lavoixdelest.qc.ca