La vieille chaise a été acquise par les parents de Juliette Viens lorsqu'ils se sont portés acquéreurs de la boulangerie Grisé en 1948. Il y avait alors bien des années de cela que le frère André, orphelin, y avait oeuvré pour gagner sa croûte.
Il y avait en fait deux chaises à l'origine, a mentionné hier Mme Poirier. «Ma mère a envoyé l'autre à l'Oratoire Saint-Joseph pour leur musée», indique-t-elle.
L'autre siège ne manque pas aujourd'hui de faire son effet dans le salon de Juliette Poirier. Pas qu'il ait fière allure. Il étonne un peu par sa petitesse. Mais il possède une aura certain. «J'ai une amie qui m'a dit qu'elle voulait s'asseoir là pour aller chercher un peu d'énergie du frère André», s'amuse Mme Viens.
Avec la canonisation de plus en plus probable du frère André, né Alfred Bessette en 1845 à Saint-Grégoire, la chaise n'acquiert certainement pas une plus grande valeur monétaire aux yeux de sa propriétaire. Mais elle conserve toute sa valeur sentimentale.
Selon Mme Viens, un expert a déjà évalué le siège de bois et aurait conclu que les efforts de restauration réalisés à une certaine époque ont atténué son intérêt patrimonial. La propriétaire de la petite chaise verrait d'un bon oeil que l'objet soit éventuellement confié, lui aussi, à l'Oratoire Saint-Joseph, le célèbre lieu de culte montréalais, fondé par le frère André en 1904.
De plus en plus près
La cause de la canonisation du frère André a franchi une nouvelle étape il y a quelques jours. La Commission théologique de la Congrégation pour la cause des saints, au Vatican, chargée d'étudier un cas de guérison attribuable à l'intercession du bienheureux frère André, a rendu à l'unanimité un jugement favorable.
La cause recevra maintenant l'attention de la Congrégation ordinaire des cardinaux et évêques, composée de 15 membres, chargée d'étudier le cas. Après cette nouvelle recommandation, le pape Benoît XVI décidera des suites à donner à ce dossier.
Le frère André a été béatifié par le pape Jean-Paul II en 1982. De très nombreuses guérisons lui ont été attribuées.
Alfred Bessette a pris le nom de frère André lors de son entrée dans la congrégation religieuse des Frères de Sainte-Croix en l'honneur de son ami et protecteur, André Provençal, curé à Saint-Césaire. C'est ce dernier qui, convaincu par la vocation de son protégé, aurait recommandé le jeune homme aux supérieurs de la congrégation religieuse en leur mentionnant : «C'est un saint que je vous envoie»...