Des tranchées creusées dernièrement près de l'usine de filtration du puits Taylor ont permis de découvrir de vieux tuyaux servant d'égout et qui mènent à la rivière Yamaska. Certains contenaient des traces de trichloroéthylène (TCE), explique le maire de Waterloo, Pascal Russell. Les experts du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs n'ont toutefois pu déterminer quelles étaient les quantités de trichloroéthylène, un produit chimique utilisé pour dégraisser le métal, ni leur provenance. «On ne peut pas les laisser là», a dit le maire Russell.
Avant de les retirer, des ingénieurs de la firme SM tenteront de circonscrire le périmètre des travaux. Ils creuseront 23 tranchées d'observation pour analyser les composantes du sol. Ils installeront également cinq piézomètres pour s'assurer que la nappe phréatique, d'où le puits tire son eau, n'est pas touchée par le produit chimique. Ces travaux seront effectués dans les prochaines semaines.
Portrait industriel
Parallèlement à ces travaux, la firme SM tentera de dresser le portrait des activités industrielles qui ont été menées dans cette partie de la ville depuis son industrialisation. Ils rédigeront la liste de toutes les entreprises qui, un jour où l'autre, y ont eu pignon sur rue. Cette recherche pourrait permettre à la municipalité d'entreprendre éventuellement des poursuites judiciaires contre l'entreprise qu'elle croit responsable de la contamination. «Même à l'époque, les entreprises n'avaient pas le droit de mettre n'importe quoi dans les égouts, a rappelé le maire. Nous allons appliquer la loi du pollueur-payeur.»
Les services de SM coûteront 49 000 $ à la Ville de Waterloo. La facture gonflera par la suite, reconnaît le maire. Il ne peut dire quand le périmètre du puits Taylor sera décontaminé, ni le montant final déboursé. M. Russell souligne que la Ville n'a aucun plan de ce vieux réseau d'égout. «Où commence-t-il? Où finit-il? On n'a aucune idée de ce qu'on va trouver. Ce qu'on sait, c'est qu'il y a un produit dangereux près de notre puits et qu'on doit aller à la source de notre problème», a-t-il soutenu hier après-midi en entrevue.
La Ville pourrait devoir étendre ses travaux sur des terrains résidentiels et industriels à proximité du puits Taylor. «Oui, nous pourrions devoir en arriver là», a dit le maire Russell.
La bonne nouvelle pour la Ville est que des subventions du MDDEP et de la Fédération canadienne des municipalités pourront lui être versées pour venir à bout de cette menace environnementale. Waterloo pourrait être remboursée jusqu'à concurrence de 75 % des montants dépensés.
30 mois plus tard
Plus de 30 mois se sont écoulés depuis la découverte de trichloroéthylène dans l'eau du puits Taylor. En mars 2007, les Waterlois avaient été avisés de ne pas consommer l'eau de leurs robinets. Les tests menés quelques semaines plus tôt sur l'eau du puits Taylor affichaient des taux de 18 et de 19 microgrammes de trichloroéthylène par litre. La norme de Santé Canada pour des réseaux d'aqueduc situe le plafond acceptable à 5 microgrammes par litre.
La Ville a pu diminuer le taux de TCE en augmentant l'aération de son puits. Cela a eu pour effet de provoquer l'évaporation du produit chimique. Le taux de TCE dans l'eau est alors descendu presque en deçà de un microgramme par litre. C'est insuffisant pour le maire. «Ce n'est qu'un diachylon. On veut que ça disparaisse complètement.»
Pendant plus d'un mois, les résidants de Waterloo ont utilisé de l'eau embouteillée fournie par la Ville.
Le puits Taylor fournissait à l'époque 70 % de l'eau de consommation de la ville. Il fournit présentement 50 % de l'eau (l'équivalent de 1000 litres à la minute). Deux autres puits de la municipalité alimentent le reste du réseau.