Le Ministère tranche en faveur de Bromont

Fini les négociations, a annoncé la mairesse de Bromont, Pauline Quinlan, entourée ici de ses conseillers. Le ministère des Affaires municipales a tranché, et Bromont a maintenant tout en main pour amorcer sa transition vers la MRC de Brome-Missisquoi.

La mairesse de Bromont, Pauline Quinlan, se refuse à prononcer le mot «victoire». N'empêche, la décision rendue en début de semaine par le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire (MAMROT) concernant les derniers points litigieux dans le dossier du changement de MRC se rapproche bien davantage des propositions de Bromont et de sa nouvelle MRC, Brome-Missisquoi, que de celles de la MRC de la Haute-Yamaska.


Non seulement le montant compensatoire que la municipalité devra verser à la Haute-Yamaska équivaut-il à environ la moitié de ce que la MRC demandait (650 790 $ plutôt que quelque 1,2 M $), mais le ministre Laurent Lessard a en outre tranché en faveur de la suggestion de Brome-Missisquoi en ce qui a trait à l'aménagement du territoire.

 

Ainsi, une commission conjointe sera mise en place, sur laquelle siégeront les préfets des deux MRC concernées, les maires de Granby, de Saint-Alphonse et de Bromont ainsi que le maire d'une autre municipalité de Brome-Missisquoi à être déterminée.

La mairesse Quinlan ne cachait pas sa satisfaction hier à l'idée de voir ce dossier finalement aboutir après plus de trois ans d'attente et de négociations. Avec quelques-uns de ses conseillers, elle a d'abord présenté aux médias les 28 conditions de transfert d'une MRC à l'autre, lesquelles conditions ont été incluses dans une résolution qui a été adoptée une heure après lors d'une assemblée spéciale du conseil. Cette dernière étape était la dernière nécessaire pour que le ministre Lessard formule un décret qui officialisera le transfert au 1er janvier 2010, échéancier initialement prévu par l'ex-ministre Nathalie Normandeau en mars dernier.

«Nous avons eu d'excellentes négociations, on a travaillé fort et on s'est quand même entendus sur 17 des 19 points à régler pour le transfert, a commenté la mairesse. Je pense que nous en sortons tous gagnants et que nous avons trouvé un juste équilibre. Nous entendons évidemment demeurer un acteur important dans la région, en conservant et même en améliorant notre implication.»

Joint quelques heures après l'annonce, le préfet de la MRC de la Haute-Yamaska, Paul Sarrazin, a affirmé avoir pris connaissance de la décision gouvernementale mais, visiblement loin d'être enchanté du verdict, il s'est gardé de commenter pour l'instant.

«Dès l'annonce de la ministre Normandeau en mars, j'avais dit que c'était un jour triste pour la MRC: ce n'est pas à ce moment-ci que mon opinion va changer», s'est-il contenté de déclarer au bout du fil.

Pas de hausse de taxes

Un point qui créait de l'incertitude au sein de la population bromontoise et qui alimentait l'argumentaire des opposants au changement de MRC concernait les coûts liés au processus ainsi que les conséquences sur le compte de taxes des citoyens.

Or, soutient la mairesse Quinlan, il semble que malgré les 650 790 $ que devra débourser la municipalité sur quatre ans, cette dépense nouvelle ne devrait pas causer d'impact sur le budget bromontois, pas plus qu'il ne devrait engendrer une hausse des taxes municipales. Une situation que Mme Quinlan justifie par le passage à un mode de gestion moins centralisé au sein de la MRC de Brome-Missisquoi.

«Cette différence de gestion fait en sorte que nous n'avons pas à payer certains services en double», a expliqué Mme Quinlan, faisant ainsi référence aux secteurs comme la gestion des matières résiduelles, où la Ville possédait sa propre expertise et son personnel tout en devant défrayer des cotisations pour un service analogue dispensé par la MRC de la Haute-Yamaska.

«L'approche dans Brome-Missisquoi est plutôt d'établir des objectifs auxquels se conformer et de laisser aux villes les moyens à mettre en place pour les déployer», a poursuivi la mairesse, qui a ajouté que les sommes ainsi économisées permettront d'amortir les dépenses de compensation.

Quant au choix de mettre sur pied une commission conjointe pour l'aménagement du territoire, il est applaudi tant par Pauline Quinlan que par le préfet de la MRC de Brome-Missisquoi, Arthur Fauteux, notamment en raison du succès qu'a connu une telle formule dans d'autres municipalités.

«On a regardé partout où ça se fait et ça ne semble jamais avoir causé de problème, a noté M. Fauteux. Alors on voyait mal pourquoi mettre en place un processus plus complexe quand on sait que ça marche très bien ailleurs.

Passation

Ces derniers points précisés, la Ville de Bromont peut véritablement se lancer dans le processus de transition d'une MRC à une autre. Comme l'a indiqué Mme Quinlan, du travail reste à accomplir, mais les négociations, elles, ont bel et bien connu leur point final.

Le décret gouvernemental viendra maintenant sceller les efforts accomplis, en route vers la date fatidique du 1er janvier 2010.

D'ici là, la mairesse Quinlan soutient qu'elle honorera ses engagements auprès de la MRC de la Haute-Yamaska, notamment en assistant aux réunions mensuelles des élus.

Elle ajoutera toutefois à son agenda les rencontres dans Brome-Missisquoi, auxquelles elle prendra part à titre d'observatrice. Elle participera entre autres à l'élaboration du budget 2010 et se joindra à différents comités.

«C'est nous qui en avons fait la proposition, a repris Arthur Fauteux. Nous avons un mode de fonctionnement différent de la Haute-Yamaska, ne serait-ce que du fait que nous sommes 20 villes au lieu de sept. Mme Quinlan pourra donc avoir ses premières discussions avec nos comités et être prête à se joindre à nous pour de bon en janvier.»