L'industrie du vélo n'a pas été épargnée par la crise économique. Le carnet de commande de l'usine Raleigh a été pratiquement vide pendant toute l'année. C'est avec en toile de fond ces difficultés que débutent les négociations entre propriétaires et employés.
«Ce qu'on demande à l'entreprise, c'est une vision d'avenir. Raleigh est un fleuron de notre région depuis 1972. Ça serait une tragédie si on ne fabriquait plus de vélos à Waterloo!», lance d'emblée Réjean Audy, coordonnateur régional pour la Centrale des syndicats démocratiques et responsable de ce dossier.
«On ne veut pas un plan quinquennal, comme Bob Gainey, on veut du vrai long terme!», ajoute M. Audy.
Mauvaise année
«C'est ce qu'on veut aussi», réplique le vice-président de l'usine, David Edwards. «Raleigh est une entreprise enracinée dans la région et on veut rester ici», dit-il.
M. Edwards avoue néanmoins que les temps sont durs. Il confirme que 2009 marquera l'histoire comme l'une des plus difficiles pour Raleigh. «Ça a été une mauvaise année. On a eu moins de contrats qu'à l'habitude, mais on veut revenir fort en 2010.»
Depuis le début de l'été, les deux parties se sont rencontrées à trois reprises. Des discussions cordiales, si on en croit Réjean Audy. «On a fait le dépôt de nos demandes, mais on est seulement au début du processus, explique-t-il. Il n'y a pas de stress, il y a personne dans l'usine présentement.»
À ce moment-ci de l'année, à peine une dizaine de personnes veillent aux tâches administratives. Dès le début de l'hiver, cependant, la majorité des 260 employés de Raleigh devrait être de retour au travail pour permettre à l'usine d'approvisionner ses clients.
Si les négociations ne sont qu'à leurs débuts, M. Audy exprime néanmoins une certaine frustration quant à la vision actuelle de l'entreprise. «Je trouve qu'ils sont ancrés dans un carcan. Raleigh est une marque respectée, qui fait des bons produits et nos gens sont capables de faire de la bonne job, mais il faut arrêter d'avoir une vision conservatrice de l'industrie», dit-il.
Aide
L'usine Raleigh de Waterloo est tributaire des aléas du marché mondial de la fabrication de bicyclette. Si la compétition provenant des pays en voie de développement est rude, le gouvernement canadien offre néanmoins son aide pour la protection du marché national.
Grâce à une décision rendue par le Tribunal canadien du commerce extérieur, les constructeurs de vélo canadien sont, en partie, protégés par une politique anti-dumping. Cette mesure impose des tarifs supplémentaires à toute bicyclette fabriquée en Chine et à Taiwan et ayant une valeur inférieure à 400 $.
Raleigh étant l'une des seules compagnies canadiennes à produire des vélos dans cette échelle de prix, elle est la principale bénéficiaire de ces mesures. Syndicat et propriétaire de Raleigh s'entendent sur la nécessité de renouveler cette politique après son échéance de 2012.
D'ici là, le syndicat et les propriétaires planchent sur la signature d'une convention collective favorisant les deux partis. Les discussions doivent se poursuivre au cours des prochaines semaines.