Ignatieff nourrit toujours l'incertitude

Michael Ignatieff a livré un discours bref, mais à forte saveur électorale, à la cinquantaine de partisans libéraux réunis hier.

Peut-être que Michael Ignatieff se refuse toujours à prononcer le mot magique, mais rien dans les messages qu'il envoie ne laisse présager que des élections seront évitées à l'automne.


De passage au vignoble du candidat et ex-député Denis Paradis, à Saint-Armand, hier, le chef libéral s'est dit «pas du tout optimiste» à la lu- mière du travail du comité libéral- conservateur chargé de se pencher sur la question de l'assurance-emploi cet été, et dont les travaux se sont conclus cette semaine. La question de l'assurance-emploi - les libéraux réclament l'abaissement du seuil d'admissibilité à 360 heures travaillées - était passée bien près d'envoyer le pays aux urnes au printemps.

 



«Nous avons toujours espoir de mener une réforme substantielle de l'assurance-emploi, mais on ne voit pas ça arriver, a-t-il dit. Nous sommes entrés en négociation de bonne foi, mais c'est très difficile de progresser avec un gouvernement qui travaille ainsi. My way or the highway, ce n'est pas une façon de gouverner.»

Mais malgré cette situation déjà «difficile» en juin, à laquelle se sont ajoutés «d'autres problèmes cet été» (M. Ignatieff cite notamment la tenue de Stephen Harper au sommet du G8 ainsi que la vente de la technologie de Nortel à la suédoise Ericsson), sans parler de ses candidats qui se tiennent sur un pied d'alerte - Denis Paradis confiait encore hier, comme la veille à Magog, espérer une campagne automnale -, le député de Etobicoke-Lakeshore ne démord pas.

De fait, il rejette du revers de la main les remarques des bloquistes et néo-démocrates, qui n'attendent qu'un signal pour faire tomber le gouvernement Harper. Gilles Duceppe a même déclaré plus tôt cette semaine qu'il commençait à douter des intentions de son homologue libéral. «Ça me surprendrait qu'Harper change de position. Ça me surprendrait moins qu'Ignatieff plie encore une fois», avait d'ailleurs lancé dimanche le chef bloquiste, rappelant du coup la menace libérale de déclencher au printemps dernier une seconde élection en six mois.

«M. Duceppe peut bien parler ainsi, il n'a pas de responsabilités; moi, j'ai un devoir et je vais le faire, a rétorqué M. Ignatieff. Le travail parlementaire est un travail digne et j'essaie de le faire fonctionner.»



Du reste, le leader libéral a livré un discours à forte saveur électorale à la cinquantaine de partisans réunis hier. Il a réitéré l'importance pour son parti de dégoter des sièges hors de la région de Montréal si ses troupes espèrent constituer un gouvernement majoritaire, et a spécifié que le pays devait moins dépendre de ses ressources naturelles et davantage «de ses cerveaux et de sa volonté». Il affirme en outre s'être donné comme mission de faire remonter les attentes de la communauté internationale à l'égard du Canada.

En conclusion, il a lancé un messa-ge sans équivoque à ses opposants conservateurs.

«Nous n'avons qu'un seul adversaire: Stephen Harper. Vous méritez mieux que ça.»