«Ça n'a aucun bon sens.» «Où est-ce qu'on va s'installer quand on va aller dehors?» «Pour bien du monde, relaxer à l'ombre de ces arbres, c'est le seul plaisir qui reste.» «On passe nos semaines enfermés dans nos chambres.» «Ils n'ont pas le droit de couper ces arbres là.»
Pour Ronald Mongeau, Alexandra Bédard et les dizaines d'autres usagers du CHG qui viennent, chaque jour, prendre un peu de repos près de cette oasis de verdure au milieu du béton et de l'asphalte, la décision de la direction de l'institution de santé n'est motivée que par l'argent. À leur avis, celle-ci prouve que les intérêts des patients de l'hôpital et des résidants du Centre d'hébergement Marie-Berthe-Couture passent loin derrière les impératifs budgétaires.
Juliette Rodrigue et son conjoint font du bénévolat au CHG chaque vendredi après-midi. Pour eux, sortir à l'extérieur des murs de l'hôpital avec les personnes dont ils prennent soin, c'est sacré.
«Ça leur fait tellement de bien de sortir, mentionne la dame. Mais s'il n'y a plus d'arbres ici, où est-ce qu'ils vont aller? On ne les plantera sûrement pas au milieu des balcons en béton de l'hôpital. Qu'est-ce qu'ils vont regarder, encore un stationnement?»
Employés mécontents
La perspective de voir disparaître ces arbres ne plaît pas davantage aux nombreux employés qui prennent, soir et matin, leur pause à cet endroit.
«S'ils vont de l'avant, il va falloir aller prendre notre pause dans le terre-plein, au milieu de la rue Leclerc, si on veut voir des arbres, illustre Éric Duhamel, technologiste médical. Ces trois arbres-là, c'est tout ce qu'il reste de verdure sur le terrain de l'hôpital.»
Pour M. Duhamel et ses collègues, qui mettent le nez dehors chaque fois qu'ils le peuvent, la nécessité d'offrir plus de places de stationnement se fait bel et bien sentir. Mais ils ne voient pas la nécessité de raser ces trois arbres, les seuls qui offrent un peu d'ombre dans le secteur.
«Il y aurait assez de place pour faire un stationnement à la place du gazon ( à l'intersection de Leclerc et Paré), ce n'est pas nécessaire de raser les arbres», ajoute sa collègue Monique Beaumont.
«Je ne serais même pas surprise d'arriver ici un matin et que les trois arbres soient déjà rasés, pense même une autre employée qui a préféré garder l'anonymat. Il n'y a plus rien qui me surprend de leur part.»
Projet imminent
La direction du Centre hospitalier de Granby ne nie pas la possibilité que ces trois arbres matures soient abattus. Tous les scénarios seront étudiés.
«Nous avons un énorme besoin en places de stationnement supplémentaires. Nous sommes d'ailleurs présentement en période d'appels d'offres pour la construction d'un espace d'une cinquantaine de places à proximité de l'aile sud», confirme Michel Lapointe, responsable des communications du CHG.
La firme retenue pour l'élaboration des plans et la construction de l'aire de stationnement devrait être connue vers la fin du mois d'août alors que les plans seront dévoilés quelque part en octobre.
«Nous ne savons pas qui sera l'entrepreneur ni s'il aura besoin d'abattre ces arbres pour réaliser les travaux. Nous en saurons plus lorsque nous recevrons les plans», ajoute M. Lapointe.
«Nous sommes conscients que cette situation puisse déranger autant nos employés que certains usagers. Je peux toutefois vous assurer que nous tentons de maintenir l'équilibre entre nos besoins en stationnement et le respect de l'environnement et du milieu de vie des patients et des employés. Mais comme dans le cas de l'agrandissement de l'urgence, nous prévoyons aménager de nouveaux espaces verts et effectuer du reboisement où ce sera possible de le faire», conclut Michel Lapointe.
Le début des travaux est prévu pour l'automne. Après vérification faite auprès de la direction générale de la Ville de Granby, aucun règlement municipal n'interdit l'abattage de ces arbres..