«Ça va certainement représenter des pertes financières à long terme, lance d'emblée le gérant de la succursale Lou-tec, Luc Mailloux. Environ la moitié de nos équipements fonctionne avec des moteurs à gaz». Il plaide que les excavatrices, les plaques vibrantes et les marteaux-piqueurs sont tous des outils qu'il ne pourrait plus faire sortir de son commerce le dimanche.
Selon ce dernier, l'adoption du règlement brimera la liberté des citoyens qui profitent du week-end pour bricoler. «Ça va bloquer beaucoup de monde. Avec le rythme de vie des gens et leur travail la semaine, il reste seulement la fin de semaine pour la construction. L'auto-constructeur, c'est lui qui va écoper et va possiblement songer à se construire ailleurs», dit-il.
Un avis partagé par le propriétaire du centre de location MDR, Réal Desgens. «La semaine, ce sont les contracteurs qui travaillent et la fin de semaine, c'est monsieur tout-le-monde. Il y a beaucoup de bricoleurs les samedis et dimanches. Pour ceux qui exagèrent à tous les dimanches, je peux comprendre, mais ce sont peut-être 2% des bricoleurs. On n'a pas besoin d'une réglementation pour tout le monde.»
Chicane de voisins
Pour qu'un contrevenant récolte une amende ou un simple avertissement, il faudra d'abord que l'un de ses voisins porte plainte. L'instigateur de la pétition, Sébastien Ouellet, dénonce le fait que l'application du règlement dépende du niveau de tolérance des gens.
«Ça peut être très subjectif selon les personnes et les terrains. Ça va dépendre du voisin et de comment il «feel». Plutôt que de trouver un arrangement, ça va finir que les gens vont se tirer des roches dans le quartier», a indiqué l'entrepreneur en excavation qui espère recueillir le nom d'au moins 1500 contestataires avec sa pétition.
Même constat de la part de M. Desgens. «Que les gens socialisent un peu, dit-il. Il vaudrait mieux se parler entre voisins au lieu de faire une chicane de clochers. Ça va être très difficile à gérer.»
La portée du règlement qu'il qualifie de «trop large» est également trop vague selon M. Ouellet. «Je trouve que la limite n'est pas claire. C'est comme si on interdisait tout excès de vitesse à Granby, mais sans pancartes avec la limite à respecter. De toute façon, je ne crois pas que le problème soit assez grand pour justifier une réglementation.»
D'autres solutions
Plutôt que d'adopter un règlement visant à proscrire tout bruit excessif le dimanche, les opposants sont d'avis qu'une simple limitation serait suffisante pour corriger les bricoleurs récalcitrants.
«Limiter les heures de construction de 8h à 17h le dimanche, ça pourrait être compréhensible, mais l'interdire complètement, je trouve ça très brusque», explique M. Mailloux.
Quoi qu'il en soit, ils prévoient se faire entendre à la prochaine séance du conseil municipal où la motion du nouveau règlement doit être adoptée, le 24 août. Ils en profiteront également pour déposer leur pétition.
«Lundi prochain, il va y avoir beaucoup de monde au conseil. Il s'agira d'être le plus de gens possible pour faire valoir notre désaccord», affirme Réal Desgens qui invite les opposants à se présenter en grand nombre.