Divisés sur la question, les membres du conseil municipal se réuniront lundi prochain en séance à huis clos pour débattre à nouveau du dossier. À 19h30, ils tiendront une assemblée extraordinaire pour se prononcer sur le sort du projet.
Les élus auraient pu se prononcer hier soir lors de leur assemblée régulière, mais la mairesse Madeleine Chabot a préféré repousser la décision en raison de l'absence du conseiller Rodolphe Dubé. Le geste est stratégique puisque trois conseillers sont opposés au projet. Procéder au vote sur la question du référendum aurait signifié la mort du projet.
Hier soir, des résidants sont sortis en force pour appuyer le projet d'égout. Faisant opposition aux 64 signatures paraphées sur le registre du règlement d'emprunt, leur porte-parole Neil Rodrigue a déposé au conseil une pétition invitant la municipalité à poursuivre ses démarches. Le document contient les noms de 164 résidants.
L'assemblée, qui a attiré environ 75 personnes - un nombre significatif pour une municipalité de 517 habitants -, a été fertile en émotions pour la mairesse. Mme Chabot ne pouvait croire qu'autant de personnes avaient signé le registre (44 noms étaient nécessaires pour exiger un plébiscite). Elle a expliqué que le conseil avait accompli beaucoup de boulot dans ce dossier, notamment en obtenant que Québec augmente sa subvention d'un million de dollars pour la réalisation du projet. La municipalité ne débourserait que 860 000 $ des 3,1 millions de dollars investis pour réaliser les travaux, le reste provenant des deux gouvernements. «Regardez ce que les autres municipalités obtiennent autour de nous, vous allez voir qu'on est chanceux», a-t-elle lancé à l'assistance.
L'affaire était presque dans la poche, pensait-elle. Habituellement très énergique, elle était atterrée. «Je suis défaite; je suis éteinte. Je ne peux pas expliquer ce qui s'est passé.»
Mme Chabot en voulait surtout hier soir aux conseillers Jean-Marie Perreault, Michael Goulet et Jacques Cadieux. Tous trois ne sont pas présentés lundi pour l'assemblée régulière. L'absence de M. Dubé, parti en vacances, a fait en sorte que le quorum n'a pas été atteint, forçant l'annulation de l'assemblée. Hier soir, aucun n'avait d'explication pertinente pour justifier son absence.
M. Perreault a même nargué les gens présents en affirmant qu'il n'avait pas à assister à des assemblées ordinaires, affirmation qui lui a valu d'être chahuté.
Le conseiller Goulet a quant à lui dû expliquer pourquoi sa signature apparaissait sur la première ligne du registre. Surtout, lui a fait remarquer M. Rodrigue, qu'il a appuyé le règlement d'emprunt le 16 juillet. «Je suis aussi un citoyen et j'ai le droit de signer le registre» a-t-il offert comme réponse. Encore là, plusieurs personnes ont maugréé.
Dans l'éventualité où la municipalité irait de l'avant avec un référendum, il ne pourrait être tenu avant 40 jours, soit vers le 20 septembre. Des négociations devront être entreprises avec Construction Choinière, l'entrepreneur qui a remporté l'appel d'offres. Son prix n'est garanti que jusqu'au 21 août.
Eau des puits menacée
Le projet vise à doter les secteurs village et Jones d'un réseau d'égout. Les installations sanitaires de plusieurs propriétés dans ces secteurs sont soit défectueuses ou inexistantes. De nombreux terrains sont trop petits pour construire de nouvelles installations (fosse septique et champ d'épuration). Les eaux usées non captées menacent la qualité de l'eau des puits desservant les maisons.
Mme Chabot est convaincue que le réseau d'égout est la meilleure solution. L'abandon du projet, croit-elle, hantera la municipalité. «Je n'ai pas le goût que le MDDEP (ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs) arrive ici et nous remette une injonction pour que les travaux se fassent. On va perdre la subvention et ça va nous coûter plus cher.»