Aujourd'hui adolescent, le plaignant Éric (nom fictif) a expliqué en détail les crimes sexuels dont il aurait été victime à l'âge de neuf ans.
Son témoignage a débuté par la rediffusion d'un entretien filmé qu'il a eu avec un enquêteur de la SQ quelque temps après les derniers actes reprochés, en mai 2003.
«Il n'arrêtait pas de mettre son pénis entre mes fesses, a dit le jeune Éric sur la vidéo. Et il me suçait et me forçait à le sucer.»
Plusieurs actes sexuels incluant attouchements, masturbations, fellations et sodomies auraient été commis. En au moins trois occasions, le chien du plaignant aurait de plus été invité à sodomiser l'accusé, selon la présumée victime.
«Il faisait l'amour avec moi mais je ne voulais pas, a poursuivi Éric. Je lui disais d'arrêter de me toucher, mais il ne voulait pas arrêter. Il disait qu'il voulait se marier avec moi, m'amener au Mexique.» L'accusé n'a pas réagi à l'audition de cette vidéo.
Passé criminel
Puis, dans son témoignage de vive voix diffusé d'une autre salle, hier, l'adolescent de 15 ans a raconté comment M. Moynan l'embrassait sur la bouche et comment il lui est souvent arrivé de dormir avec l'accusé, par manque d'espace.
En effet, les crimes reprochés se sont déroulés à plusieurs endroits à Granby puis à Brigham, au gré des déménagements de la mère d'Éric et de sa nouvelle flamme, David Moynan, dont elle ignorait le passé criminel.
M. Moynan, aujourd'hui âgé de 47 ans, a déjà été condamné pour agression sexuelle sur des mineurs par le passé.
Sa dernière offense serait survenue le 17 mai 2003, à Brigham, autour d'un feu de camp improvisé à l'arrière de la demeure qu'il partageait avec Éric et sa mère.
Après avoir fumé de l'huile de cannabis, l'accusé en aurait offert au plaignant, pour ensuite assouvir avec lui ses bas instincts, toujours à l'insu de sa conjointe.
Ce soir-là, Éric a tout raconté à sa mère, qui dénoncera son ami de coeur à la police dès le lendemain. David Moynan est détenu depuis son arrestation, quelques jours plus tard.
ADN
La poursuite est assurée par Me Claude Robitaille tandis que le Granbyen est représenté par Me Christian Raymond. L'avocat sherbrookois entend soulever un doute quant à la crédibilité de la preuve d'ADN recueillie sur les vêtements de la présumée victime.
«Il plaide toujours l'innocence», a dit hier Me Raymond à propos de son client, dont le procès doit se poursuivre aujourd'hui en Cour du Québec.
«C'est plate (qu'il y ait un second procès), a indiqué hier la mère d'Éric, interrogée à l'extérieur de la salle d'audience. J'ai juste hâte que ce soit fini. J'espère qu'il restera en prison encore longtemps, pour ne pas qu'il fasse d'autres victimes.»
Pourquoi un deuxième procès?
Au terme de son premier procès, dans lequel il s'était défendu seul, en 2004, le Granbyen David Moynan avait été reconnu coupable par jury d'agression sexuelle, de contact sexuel et d'incitation à un contact sexuel sur un mineur.
Sentencé à au moins sept années de prison, il avait aussi été déclaré délinquant dangereux.
Mais la Cour d'appel a annulé le premier procès, l'an dernier, M. Moynan ayant fait valoir, avec succès, qu'on ne lui avait pas laissé assez de temps pour se trouver un avocat. Il est maintenant représenté par Me Christian Raymond.
M. Moynan est détenu depuis mai 2003.