"On vise à déterminer si la présence de cyanobactéries peut affecter la santé des gens qui font différentes activités nautiques et à partir de quel niveau (de concentration) cela peut provoquer des symptômes", explique Denis Gauvin, conseiller scientifique à l'Institut national de la santé publique (INSP), l'organisme responsable du projet d'étude. "Jusqu'à quel point c'est nuisible pour la santé humaine, on nage dans l'incertitude. On est encore aux débuts de la recherche de ce côté", a-t-il expliqué en entrevue hier à La Voix de l'Est.
Outre le lac Roxton et la baie Missisquoi, le lac William, à St-Ferdinand, dans la région des Bois-Francs, a également été retenu pour l'étude. Là aussi une centaine de riverains seront mis à contribution.
Les riverains qui ont accepté de participer à l'étude rempliront quotidiennement un journal de symptômes. Ils devront y noter leurs activités liées à l'utilisation de leur plan d'eau, par exemple la baignade, le ski nautique, le kayak, etc., puis signaler s'ils voient ou ressentent un symptôme quelconque. Cela peut aller de taches ou d'irritation sur la peau à des symptômes gastriques ou autres. Les riverains devront également colliger des informations similaires auprès de deux membres de leur famille.
Des membres de l'équipe de recherche de l'INSP rencontreront dans les prochains jours les riverains pour leur expliquer la procédure. Dès lors, les participants amorceront la tenue de leur journal. Ils le feront jusqu'à la fin du mois d'août. Les résultats seront dévoilés dans un an, a dit M. Gauvin.
Bon échantillonnage
D'un point de vue scientifique, une centaine de participants par lac représente un très bon échantillonnage, assure M. Gauvin. Il s'est d'ailleurs dit surpris du peu de difficulté de l'équipe de l'INSP à recruter des participants. "On était un peu inquiets. C'est la période estivale. Les gens sont en vacances et ils ne veulent pas passer leur temps à remplir un journal. Mais les gens y voient un grand intérêt. Ils veulent mieux comprendre les problèmes des algues bleues et travailler à améliorer leur plan d'eau."
Parallèlement à cette étude, une équipe de l'Université du Québec à Montréal collectera tous les jours des échantillons d'eau des trois lacs concernés. Ils seront analysés pour leur concentration d'algues bleues. Les données permettront aux chercheurs de les comparer avec les journaux de symptômes des riverains, précise M. Gauvin.
Finalement, une troisième équipe analysera le problème sous un angle psychosocial. Des rencontres seront organisées cet été avec les riverains. Les chercheurs recueilleront leurs impressions et leurs avis sur le sujet.
Répercussions sociales et économiques
L'étude a également un but politique, reconnaît M. Gauvin. Elle va permettre d'en apprendre plus sur les effets sur la santé qu'ont les algues bleues, soutient-il, mais aussi amener les autorités concernées à formuler des recommandations appropriées à la population. Il rappelle que les éclosions d'algues bleues ont des répercussions sociales et économiques sur les communautés touchées.
L'étude, à laquelle participe également le département de la médecine sociale et préventive de l'Université Laval, coûtera 240 000 $ . L'argent provient du Fonds québécois de la recherche sur la nature et les technologies. Plusieurs ministères financent le Fonds, dont le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs ainsi que celui de la Santé.