"On va enfin pouvoir passer à autre chose"

"J'avais peur qu'à force de demander des évaluations psychiatriques, il finisse par être reconnu inapte à subir son procès", admet le père de David St-Pierre.

"Je suis juste content que ce soit fini. Content pour moi et pour ma fille aussi. On va enfin pouvoir passer à autre chose."


Renaud St-Pierre n'était pas présent en cour lorsque son fils David a enfin admis avoir assas-siné son épouse, Gisèle Laperle, et tenté de le tuer lui aussi. Il ne l'a peut-être pas entendu reconnaître sa responsabilité, mais il n'a pas manqué une ligne de ce qui a été rapporté dans La Voix de l'Est et dit avoir été en contact avec les procureurs de la Couronne tout au long de la journée de mercredi. Et il est heureux du dénouement de cette affaire.

"J'avais peur qu'à force de demander des évaluations psychiatriques, il finisse par être reconnu inapte à subir son procès", admet-il.

Même s'il est convaincu que les gestes posés par son fils, le soir du 7 novembre 2007, étaient bel et bien prémédités, il s'accommode de son plaidoyer de culpabilité aux accusations de meurtre au deuxième degré et de tentative de meurtre.

"Premier ou deuxième degré, pour moi, ce n'est que le nom qui change, fait-il valoir. Il va rester en prison aussi longtemps. Il ne suit les règles nulle part. S'il continue comme ça et qu'il ne fait rien pour s'aider, il n'aura jamais droit à une libération conditionnelle."

Liste de victimes

S'il est heureux de cette tournure inattendue, il se dit tout de même surpris de la prise de conscience soudaine de son fils.

"Il devait sentir qu'il était pris au piège, qu'il serait trouvé coupable de toute façon, pense M. St-Pierre. En plaidant coupable, il améliore un peu son sort."

Renaud St-Pierre se méfie aussi des bonnes intentions de celui qui, armé d'une arbalète, a tiré sur son épouse et lui. "David, c'est un grand manipulateur. Il l'a toujours été."

Il n'est d'ailleurs pas surpris que, partout où David est incarcéré depuis son arrestation, il soit en proie à des moments de délire et qu'il use de violence. Il a toujours été imprévisible, surtout lorsqu'il consommait beaucoup.

"Il nous a déjà dit, peu de temps avant d'entrer chez les AA, qu'il avait dressé une liste de gens qu'il aimerait tuer, se rappelle Renaud St-Pierre. Je lui avais demandé, à la blague, si je faisais partie de la liste. Il avait répondu que oui. J'ai juste trouvé ça drôle. Je ne croyais jamais qu'il passerait à l'acte."

Revoir son fils

Le cordonnier de métier, qui tient une petite boutique dans les locaux de la Coopaq de Saint-Césaire, dit très bien vivre malgré la perte de son oeil.

"Je me suis vite habitué à n'avoir qu'un seul oeil. Ça ne me nuit pas du tout dans mon travail."

Même s'il semble heureux, il vit aujourd'hui, de toute évidence, un certain soulagement. Il pourra enfin, s'il le désire, amorcer le processus de vente de la demeure où sa conjointe a été abattue.

"Ce n'est pas encore sûr, mais je vais peut-être déménager. Je suis capable de vivre dans ma maison, mais ma fille ne s'y sent plus bien du tout, explique M. St-Pierre. Elle est incapable d'y rester seule. Si j'avais vendu la maison avant que David ne soit trouvé coupable, il aurait eu droit à une part de l'héritage. Je me suis dit: il ne m'aura pas là-dessus. J'ai donc attendu et maintenant que c'est fini, il ne pourra rien avoir."

Malgré tous les sentiments et les terribles souvenirs qui l'habitent, Renaud St-Pierre n'est pas fermé à l'idée de renouer avec son fils.

"Mais pas tout de suite. Il devra faire un bon bout de chemin avant et accepter de se faire aider."

"Je lui déjà parlé, quelques mois après la mort de ma femme, admet-il enfin. Mais pour le moment, j'aime mieux penser à autre chose."