Controverse autour d'un projet domiciliaire à Cowansville

Durant les 20 dernières années, a fait remarquer Mario Lafrance, directeur général de la Ville, aucune demande d'exclusion d'une terre de la zone agricole provenant du territoire de Cowansville n'a été acceptée.

Un projet domiciliaire prévoyant la construction de 48 maisons haut de gamme dans le nord-est de la ville de Cowansville suscite la grogne. Les voisins du secteur visé s'y opposent, craignant pour leur quiétude et leur qualité de vie.


Une douzaine d'entre eux se sont fait entendre hier soir lors de l'assemblée du conseil municipal. Ils exigent que la Ville revienne sur sa décision d'appuyer la demande d'exclure 48 hectares de la zone agricole. Les maisons, dont le prix varie entre 300 000 $ et 600 000 $, seraient en effet construites dans un secteur agricole.

 



Dans sa résolution du 5 mai dernier, le conseil de Cowansville justifie son appui au projet en soulignant que la Ville compte peu de terrains disponibles en zone blanche pour des maisons visant les troisièmes acheteurs, c'est-à-dire des maisons de grande valeur. Les élus estiment par ailleurs que le projet permettra à la municipalité d'étendre ses réseaux d'aqueduc et d'égout dans ce secteur, situé dans le nord de la ville, du côté est du boulevard Pierre-Laporte.

Le promoteur du projet, Jacques Daigle, a expliqué hier soir que la construction de maisons dans ce secteur permettra de prolonger les services municipaux dans les rues avoisinantes comblant ainsi les besoins des résidants de ces rues. Aussi, a-t-il ajouté, l'exclusion de ces terres aurait peu de conséquences puisqu'elles sont de piètre qualité pour des activités agricoles.

MRC et CPTAQ

La Ville ayant donné son imprimatur, le dossier a été transféré la MRC de Brome-Missisquoi. L'organisme l'étudiera pour voir s'il respecte son schéma d'aménagement du territoire. Si tel est le cas, la MRC acceptera la demande. Ce sera ensuite au tour de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) d'examiner la demande d'exclusion. Des audiences publiques pourraient être alors organisées.



Le travail ne fait que commencer pour M. Daigle. La CPTAQ accepte rarement d'exclure des terres de la zone agricole. Surtout que Cowansville compte plusieurs zones blanches vierges, donc amplement d'endroits où construire des maisons. Durant les 20 dernières années, a fait remarquer Mario Lafrance, directeur général de la Ville, aucune demande provenant du territoire de Cowansville n'a été acceptée.

Manque de transparence

Les opposants au projet domiciliaire n'ont pas été tendres hier soir envers les membres du conseil. Pourquoi ne pas avoir consulté les citoyens des rues avoisinantes avant de donner leur accord?, a notamment demandé Jean Desmeules.

«C'est un manque de transparence», a lancé un autre citoyen. «Je me sens brimé dans mes droits», a-t-il dit.

Le directeur général a reconnu que la Ville avait peut-être fait une erreur en ne consultant pas les citoyens du secteur auparavant. M. Lafrance a insisté cependant pour dire que les demandes d'exclusion de terrain de la zone agricole dépassaient les compétences de la Ville. Le rôle de celle-ci, de poursuivre le premier fonctionnaire de Cowansville, est d'accueillir les projets de ses citoyens et de les présenter à la MRC.

Les nombreuses questions ont semblé ébranler le maire suppléant, Yvon Pépin. Le conseiller Wayne Yates, qui représente le secteur, était également sans voix. «Tous les membres (du conseil) ont regardé ça. On l'a tous accepté», a-t-il fini par répondre aux citoyens qui voulaient savoir pourquoi les élus ont dit oui au projet.



La presque totalité des résidants du secteur sont contre le projet, affirment les opposants. Ils ont d'ailleurs remis une pétition comportant les noms de 88 résidants des rues Des Cerfs, Mooney Drive, Pinsonnault, Eccles, Dustin et Ayers. Cela représente 98 % des résidants du secteur, ont-ils soutenu.