«On va donner la priorité aux endroits très problématiques», signale François Daudelin, responsable de la géomatique pour le compte de la MRC. «Les arbustes vont nous permettre de solidifier les berges et de réduire les apports de sédiments dans l'eau», explique l'ingénieur forestier, citant le phosphore, principale cause des épisodes de cyanobactéries.

Dans quelques jours, les premiers 25 000 semis seront mis en sol sur un terrain de trois hectares appartenant à la municipalité de Lac-Brome. Le site accueillant la pépinière se trouve près du chemin Mills, à côté des champs d'épuration des eaux usées de la municipalité.

En aménageant sa propre pépinière consacrée à la revégétalisation des berges, une première au Québec, la MRC solutionne deux problèmes auxquels elle fait face: l'approvisionnement d'arbustes et le bas taux de survie des jeunes pousses.

Dans ses efforts de lutte aux algues bleues qui envahissent les lacs et rivières du Québec, le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs distribue depuis deux ans des dizaines de milliers d'arbres aux organismes de bassin versant et aux municipalités pour qu'ils les plantent le long des cours d'eau. Ces arbres proviennent en très grande partie du ministère des Ressources naturelles. Le Ministère ne produit toutefois pas d'arbustes, note M. Daudelin. Or ces types de plantes sont très efficaces pour revégétaliser les berges sans pour autant bloquer le vue, un aspect fort important pour une région touristique comme Brome-Missisquoi.

Conditions optimales

En exploitant sa propre pépinière, la MRC pourra faire croître ses semis dans des conditions optimales, notamment en profitant d'un système d'irrigation.

Les récentes expériences de plantation démontrent que les jeunes semis (de 30 à 40 cm de haut) ne réussissent pas tous à s'imposer une fois plantés sur des berges. «Les semis doivent se battre avec les autres espèces végétales. Il y a une compétition entre elles», illustre M. Daudelin.

Le taux de survie est supérieur lorsque la plante est vieille de trois ans (haute d'un mètre), dit l'ingénieur forestier.

Le facteur coût joue également en faveur du projet de pépinière. Un semi coûte 50 ¢. L'achat des premiers 25 000 semis s'élève en effet à 12 500 $. À l'inverse, un arbuste de trois ans peut coûter 3 $. La pépinière dispose d'un budget de 30 000 $. Des entreprises ont déjà manifesté leur intérêt de s'associer au projet en y contribuant financièrement. C'est le cas d'un hôtel de Montréal, a-t-on appris.

Chaque année, les arbustes produits seront distribués gratuitement aux 20 municipalités de la MRC. Lac-Brome, qui fourni le terrain gratuitement, obtiendra 20 % de la production annuelle. Elle les utilisera pour son propre programme de lutte aux algues bleues.

Zones de villégiature

La plantation des arbustes sera confiée à des entreprises sylvicoles. Les travaux seront exécutés à la fin d'avril. On portera une attention particulière aux zones de villégiature, dit M. Daudelin. Des interventions seront également effectuées dans des secteurs agricoles. Toutefois, on fera attention de ne pas se substituer aux programmes gouvernementaux existants visant les agriculteurs, nuance-t-il.

Les semis de cinq types d'arbustes, tous indigènes et adaptés à notre climat et à la proximité de cours d'eau, seront plantés cette année: le cornouiller, le sureau du Canada, le dievielle, le myrique beaunier et le viorne. «On commence avec des arbustes qu'on sait qui vont bien pousser», dit M. Daudelin. D'autres espèces s'ajouteront à la pépinière dans les prochaines années, dont des saules à croissance rapide ainsi que des bleuetiers.

Ce n'est pas le premier projet horticole de la MRC de Brome-Missisquoi. L'organisme possède une expertise en production d'arbres. Depuis 1987, la MRC exploite une pépinière à Farnham. Les arbres produits sont offerts aux municipalités pour leurs parcs et espaces verts.