Un non-sens, dénoncent des citoyens

Il est minuit moins cinq dans ce dossier, prétend Pascal Bonin, mais il estime avoir encore le temps de s'y opposer. Blogue, pétition, intervention au conseil, il tentera le tout pour le tout. On le voit ici avec sa fille juliette.

Le projet d'agrandissement d'usine que s'apprêtent à mettre en branle les Aliments Ultima au centre-ville de Granby suscite de l'inquiétude et de la colère chez des résidants du quartier, qui y voient là une véritable aberration. Le chantier, disent-ils, rasera non seulement le parc Richelieu, un des derniers terrains de baseball de quartier qu'on trouve à Granby, mais entraînera également une augmentation du trafic lourd et de la pollution tout près de l'école primaire Ste-Marie.


Pascal Bonin a grandi en face du parc Richelieu et est revenu y vivre une fois adulte. Dire qu'il est indigné n'est pas exagéré. Quand il parle de ce que la Ville et les Aliments Ultima ont l'intention de faire, il n'est jamais à court de mots. Et il fera tout en son pouvoir pour faire reculer «Goliath», promet-il.

 



«C'est un dossier qui n'a ni queue ni tête. Qu'on permette ça en pleine zone scolaire, c'est hallucinant», lance celui qui est aussi père d'une fillette qui fréquente l'école Ste-Marie. Il est minuit moins cinq dans ce dossier, prétend M. Bonin, mais il estime avoir encore le temps de s'y opposer. Blogue, pétition, intervention au conseil, il tentera le tout pour le tout.

Quais intérieurs

Bien que les négociations entre la compagnie et la Ville ne soient pas encore finalisées, les plans de la compagnie prévoient que les quais de déchargement de lait, actuellement à ciel ouvert, seront entièrement couverts et que la circulation des camions sera déviée pour éviter qu'ils empruntent la rue Laval. Ils entreront plutôt par la rue Principale et ressortiront par la rue St-Patrick, puis Robinson jusqu'à la rue Principale.

Danger causé par la circulation lourde, pollution, bruit... Pascal Bonin ne voit rien de positif dans ce projet. Encore moins l'idée de perdre un des plus anciens parcs de Granby. Le parc Richelieu sera en effet détruit (il s'agit en fait d'un site d'environ 100 000 pi2) et une portion de la rue St-Patrick vendue pour permettre aux Aliments Ultima d'agrandir leur espace jusqu'à la rue Richelieu. Ou presque.



Dans le projet présenté par la Ville à une poignée de citoyens jeudi dernier, on a expliqué qu'une bande verte de 50 pieds de profondeur sur 500 pieds de longueur allait être aménagée tout le long de la rue Richelieu, en lieu et place du terrain de balle. On installera également un mur pour contrer l'impact visuel et sonore des activités de l'usine de yogourt et des camions qui y seront stationnés. Hier, le maire Richard Goulet a toutefois assuré que l'ensemble des remorques garées près de la rue Richelieu ne seront pas réfrigérées, ce qui signifie qu'elles ne généreront pas de bruit.

«Quand je vois ce qu'on leur présente comme projet par rapport à ce qu'ils ont en ce moment, je ne suis pas trop gêné de ce qu'on a déposé», affirme M. Goulet au sujet de l'aménagement prévu.

Mais ce n'est pas une question d'esthétisme, soutient Pascal Bonin. C'est une question de principe.

Son père, Pierre Bonin, a d'ailleurs fait parvenir une lettre ouverte (publiée aujourd'hui en page 13) dénonçant cette situation. Pour avoir vécu plus de deux décennies dans la rue Richelieu, ce dernier s'explique mal les agissements de la Ville dans ce dossier. «Il y a deux grands buts à mon intervention: je ne veux pas que les gens de ce quartier deviennent des citoyens de seconde zone, et je veux qu'ils protègent les enfants. J'ai été témoin durant 23 ans du flot d'enfants qui passent à cet endroit», affirme-t-il, outré.

Là pour rester

Du côté des Aliments Ultima, la porte-parole Diane Jubinville indique que l'entreprise respecte présentement le processus initié par la municipalité. «On est en attente de la Ville», dit-elle.



«On veut mieux réaménager nos aires de production pour réduire les inconvénients aux citoyens. On a besoin d'espace et ça nous amène à déborder vers l'arrière du terrain. Mais il reste que nous sommes une usine dans un milieu urbain», rappelle Mme Jubinville.

Oui, il y aura également une hausse de la production et un agrandissement de l'usine, confirme la dame. Des plans seront présentés éventuellement. Et cela sera fait à l'emplacement du centre-ville, pas ailleurs. «On est là depuis 1938. Vous savez, c'est la seule usine d'Aliments Ultima qui fabrique tous les produits Yoplait pour le Canada. On a choisi de maintenir nos opérations à Granby où on emploie 350 personnes...», termine Mme Jubinville.

Les travaux de déviation de la circulation et la construction du quai de déchargement intérieur pourraient débuter dès cet été.