Une idylle entre adversaires politiques

François Bonnardel, député adéquiste de Shefford.

Hors des murs de l'Assemblée nationale, où ils sont adversaires politiques, la ministre libérale Nathalie Normandeau et le député adéquiste François Bonnardel vivent une relation d'amour.


La vice-première ministre et députée de Bonaventure a confirmé elle-même la rumeur qui courait depuis quelques semaines sur la colline parlementaire.

 

«Oui, je fréquente François», a répondu au Soleil, sans faux-fuyant, l'influente politicienne. «Oui, le premier ministre (Jean Charest) a été avisé, a enchaîné avec aplomb Mme Normandeau. Je n'ai pas l'intention d'entrer dans d'autres détails parce que c'est ma vie privée.»

Celle qui assume le portefeuille des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire a assuré que le premier ministre n'est pas mal à l'aise avec la situation. «M. Charest rappelle souvent qu'avant la politique, il y a la vie. C'est ce qu'il a dit quand je l'ai informé» de sa liaison.

Nathalie Normandeau ne croit pas qu'elle et François Bonnardel se placent dans une situation soulevant des problèmes d'éthique. «Qu'y a-t-il de non éthique à fréquenter quelqu'un? a-t-elle d'abord mentionné. Il y a des choses comme cela qui arrivent dans la vie.»

Sur le plan professionnel, a-t-elle repris, «j'ai prêté serment comme ministre. C'est sacré. Je suis consciente de mes responsabilités». Ce qui comprend le secret qui doit entourer les délibérations au Conseil des ministres et les documents qui y circulent. «Absolument, a-t-elle insisté. Lorsqu'on se voit, le peu de fois où on se voit, a glissé avec le sourire la ministre, nous avons bien d'autres choses à parler que de politique.»

Pas de malaise?

Il s'agit d'une idylle sans précédent connu entre un ministre et un élu de l'opposition, ont signalé d'anciens membres du personnel politique de chefs de gouvernement. Mme Normandeau a affirmé qu'elle ne sent aucun malaise chez ses collègues, même si certains s'amusent à la taquiner en Chambre, à ce sujet.

«À partir du moment où je fais mon travail correctement, en toute intégrité, je ne pense pas qu'il y a inconfort. [...] Nous (elle et M. Bonnardel), nous savons ce que nous avons à faire à l'Assemblée nationale. Sur le parquet du Salon bleu, nous devenons des adversaires. C'est comme ça. Nous sommes des professionnels.»

Mme Normandeau a précisé qu'elle n'a pas cherché à amener le député adéquiste à changer de camp. Elle a accordé l'entrevue sans afficher le moindre stress. «Je ne suis pas sur la défensive. J'exerce mon métier avec intégrité. [...] Oui, j'ai l'âme en paix.»

Le premier ministre Charest a effectivement été prévenu et «il vit très bien avec ça», a commenté l'attaché de presse Hugo D'Amours. «Il a pleinement confiance en Mme Normandeau, a-t-il dit. Elle est très professionnelle et très consciencieuse.»

Pour sa part, l'amoureux de la ministre a préféré rester discret. «Pas de commentaire», s'est limité à dire l'attaché de presse adéquiste Sébastien Lépine.

Si Mme Normandeau a prévenu son patron, il ne semble pas que M. Bonnardel ait eu les mêmes égards. La chef intérimaire Sylvie Roy jure n'avoir pas été avisée de la situation, allant même jusqu'à la mettre en doute. «Non, je ne m'occupe pas de ce genre de ragots-là», a-t-elle laissé tomber au Soleil.

Pourtant, la chose est bien connue au sein même du parti qu'elle dirige. Certains se disent d'ailleurs «très mal à l'aise» avec la situation. Une source a dit craindre que cela amène M. Bonnardel à traverser le parquet et à se joindre à la députation libérale. Une perspective peu reluisante pour un parti fragilisé par l'élection de seulement six députés.

Plusieurs libéraux étaient aussi au parfum depuis un moment. Certains ont échangé quelques blagues avec des adéquistes, en Chambre, il y a quelques jours, lorsqu'une absence simultanée de M. Bonnardel et de Mme Normandeau a été remarquée.