«C'est toujours possible de renégocier son hypothèque avant terme, mentionne Manon Stében, porte-parole de la Banque Laurentienne, mais il ne faut pas que les gens ne prennent en considération que le taux. Il y a bien d'autres conditions à prendre en compte et d'autres produits financiers à évaluer.»
Il n'est donc pas toujours avisé de passer d'un prêteur à l'autre simplement parce qu'on nous fait miroiter une baisse de taux substantielle.
«C'est évident que les gens qui songent à faire l'achat d'une première maison et ceux dont le terme achève vont faire de bonnes affaires, indique Véronique Girard, directrice de la Banque Nationale de Granby. Mais dans le cas de gens qui souhaitent casser leur contrat, il faut bien prendre le temps de tout calculer avant de le faire.»
Dans certains cas, concède Mme Girard, l'économie réalisée vaudra amplement le prix de la pénalité. Mais parfois, la baisse de taux ne suffira pas à compenser pour le débours.
«Les gens auront l'impression d'économiser parce que leur mensualité diminue, dit-elle. Mais à la fin du terme, le solde résiduel, si on inclut le montant de la pénalité et les frais de notaires, sera plus élevé que s'ils avaient conservé le même prêt au même taux.»
Les gros prêteurs comme la Banque Nationale ou Desjardins n'ont pas le même empressement à offrir des taux aussi alléchants que certains de leurs compétiteurs, car ils jouissent déjà d'un énorme bassin de clients, mentionne Mme Girard.
«Beaucoup d'autres prêteurs offrent des taux aussi bas pour attirer des clients, reprend Mme Girard. Nous n'avons pas le même besoin de nouveaux clients. Mais sachez que si l'un d'eux songe à signer ailleurs, nous évaluerons toutes les avenues avec lui. Si c'est possible, nous l'accommoderons. Sinon, par honnêteté, nous lui dirons qu'il fait une bonne affaire en passant chez la concurrence.»
Plus gros prêteur
En détenant plus de 45 % du marché des prêts hypothécaires dans la région, la caisse Desjardins de Haute-Yamaska est bien au fait de l'impact des baisses de taux sur le marché.
«Les gens qui renouvellent ou qui s'achètent une maison vont faire de bonnes affaires, c'est vrai, concède Simon Laplante, directeur du développement des marché hypothécaires à la caisse de Haute-Yamaska. Mais les personnes qui ont signé à un taux variable il y a un ou deux ans sont ceux qui économisent le plus. En vertu de leur contrat, ils remboursent en ce moment plus de capital que d'intérêt à chacun de leur versement. C'est du jamais vu.»
Malgré une baisse marquée du marché des maisons neuves depuis le début de l'année - 30 % de moins en janvier et février -, Desjardins s'attend à connaître une autre bonne année et la dernière semaine n'y est pas étrangère.
«On a connu sans doute la meilleure semaine depuis le début de 2009, reprend-il. En une seule journée cette semaine, j'ai reçu 32 demandes d'hypothèques.»
Lui aussi invite les gens tentés de casser leur contrat à user de jugement avant de s'emballer.
«Il faut qu'ils calculent tout en détail, dit-il. Vont-ils récupérer leur pénalité en une seule année ou juste au bout de leur terme de cinq ans? Il faut aussi se méfier des «tant qu'à y être». Bien souvent, on profite d'un renouvellement pour faire des travaux comme bâtir un garage ou refaire le patio. On peut se ramasser avec un emprunt plus gros de 25 000 $. Mais s'il s'agit de travaux que l'on avait prévu faire tôt ou tard, c'est vrai, ça peut valoir la peine.»
L'important, selon lui, c'est de bien prendre le temps de réfléchir avant de prendre une décision.
«C'est aussi essentiel d'être bien conseillé. De nos jours, il y a trop de personnes qui s'improvisent conseiller hypothécaire.»
Les pénalités
Pas un prêteur hypothécaire n'exige les mêmes compensations en cas de bris de contrat. Règle générale, le montant minimum exigé tourne autour de trois mois d'intérêts.
«Mais ça peut être plus, prévient Pierre Côté d'Hypothéca. La banque va calculer la perte qu'elle subit et elle peut exiger plus. Ça dépend du contrat de chacun.»
Dans le cas où un client a bénéficié d'un taux réduit, d'une remise en argent ou de quelconques cadeaux, la facture peut être plus salée.
Et si on doit augmenter le montant du nouveau prêt pour y inclure la pénalité, il faudra retourner voir un notaire, avec tous les frais que cela implique.
«C'est pour ça qu'il faut bien prendre le temps de s'informer et de tout calculer», conclut M. Côté.
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